Les extraordinaires zaventures de


TEINTEIN

au pays des tigres mangeurs d'hommes

 

castorman

 

 

Mahabalipuram
Kanchipuram
Aurobindo et pondicherry
Rameshwaram
La vie du routard
Kodailkanal
Lajungle
La route des epices
Hebergement
Les danses Katakali
L'Inde c'est tres...
Le Kerala
La rencontre
Quelques differences
Agra
La location de ma moto
Pushkar
Fathepur Sikri
La forteresse de Chittorgah
Les pols d'Ahmedabad

Le Corbusier
Le stepwell
Pelerinages des Jains à Champaner
Les racketteurs
La daube
Le banquier
La dispute
Les cargos de Mandvi
Le temple des rats
Le cinema en Inde
Benares et les cremations
lepetit mendiant
l'avaleur de sabre et lepuceau


 


 

Mahabalipuram

Il fait extrêmement lourd, souvent le tonnerre gronde, l'orage menace et nous avons des coupures de courant, pour ma part c'est la deuxième que je subis. Heureusement  les sites Internet  sont équipés de générateurs. L'air est respirable surtout le matin mais de 9 h à 16h ça cogne et c'est l'étuve. Avant et après il fait lourd, on se sent moite en permanence. J'ai déjà changé 2 fois de tee-shirt, c'est ma troisième douche et mon  troisième litre d'eau. Ce matin vers 6h30 je me suis installé sur la plage pour observer les pêcheurs du village passer la barre avec leur barque. La lumière était douce, voilée de brume, un soleil jaune-orange essayait de percer à travers les nuages et miroitait sur le sable mouillé et l'océan de nacre. Plus loin un groupe d'hommes, d'enfants, de jeunes filles regardent à distance le bord de mer, c'était comme un dimanche au bord de mer dans la chanson de Jonas. 3 jeunes filles en saris de toutes les couleurs se sont avancées au plus près des vagues et bien sûr l'une d'elles est tombée à l'eau. Eclat de rire général, ambiance bon enfant. Plus en arrière dans la dune, perdu au milieu du sable, un petit stand  de tir forain  bariolé de ballons. Des enfants, encouragés par leur père,  tentent de les dégommer avec la carabine. Noyé dans une brume brillante  un temple hindou très ancien sert d'arrière-plan à la scène, entre les 2, de temps en temps, un  cavalier  tenant un petit garçon ou une petite fille passe et repasse au grand galop. C'est tellement imprévu, surréaliste, je suis dans un film de Fellini, j'en ai les larmes aux yeux. Je relâche le stress des derniers jours. La même scène à la dune du Pyla n'aurait pas donné le même résultat je suppose. La journée était décidément placée sous de bons auspices. De nombreux temples trés anciens parsement la ville, c'est à voir. Je me suis assis sur un énorme rocher à l'ombre d'un vieil arbre, mon carnet de voyage sur les genoux j'ai croqué un temple creusé dans la roche. C'était moi l'attraction, sans arrêt, jeunes et moins jeunes, hommes ou femmes s'approchaient discrètement pour jeter un oeil sur mon travail, souvent ils cherchaient à savoir qui j'étais d'oû je venais, etc... Un Indien a réalisé toute une série de photos derrière mon dos. Je suis le touriste photographié, sympathique et inattendu renversement des rôles. Nous échangeons nos adresses e-mail. Un  jeune photographe pro travaillant pour des magasines de vêtements Indiens réalise quelques portraits. Sans bouger d un millimètre, et ce pendant plusieurs heures, j'ai discuté avec plus d'Indiens qu'en 2 jours à Madras, je découvre les vertus empathiques de l'immobilité.

Je me suis fait bénir dans un temple hindou, sa prière s'est étendue sur ma famille, mes parents, mes enfants, mon business, etc.. pour finir par me demander la modique somme de 500 roupies( 10 euros tout de même), comme je n'avais que 5 roupies il  s'en est contenté. En ville j'ai rencontré une jolie jeune femme tenant un Loulou de Pomérani dans les bras, elle m'a invité chez elle, elle vit dans une tout petite maison verte, avec sa mère, sa grand-mère, ses 2  grandes filles et son jeune fils. Elle m'a offert le thé très aimablement , elle ne m'a rien demandé...  elle, c'est avec plaisir que je lui ai donné, en insistant, 20 roupies.

Je suis à Mahabalipuram, aprés avoir pris un rickshaw qui m'a transporté, disons plutot télé-transporté, jusqu à la gare de bus (immense). Il conduisait très vite, frolait les vélos, les motos, fonçait au lieu de freiner quand un autre véhicule arrivait en face pour l'obliger à se déporter, j'ai par moment eu très peur. Ils font tous ça en général, mais celui là il remporte le pompon!! le trajet était très long, j'avais l'impression que la gare se situait à l'autre bout de la ville.... je n'avais encore rien vu, le bus a mis 3 heures pour venir ici, peut être plus même, et je ne suis qu'à 58 km de Chennai, cette ville est gigantesque, on n'en sortait jamais ! Heureusement que je n'ai pas eu la mauvaise idée d'aller à Pondi par le bus ce soir, je suis bien assez cassé comme ça. Tu verrais le bus!!!!, je pense qu'il doit dater des années 50 et ça doit faire un sacré bout de temps qu'il n'a pas vu un pinceau. C'est vrai je retrouve beaucoup de L'Afrique, la même ambiance, les bruits, les odeurs, la foule, et tout le reste, cette déglingue généralisée, mais aussi cette énergie colossale, ici pourtant j'ai l impression que tout est multiplié par 10. . au fait la route était inondée par endroit, et j'ai vu mes premières vaches sacrées, enfin sacrées je n'en sais rien mais elle sont plutôt petites, un peu comme des daims ou des biches ou des génisses (pour les plus grosses), souvent elles encombrent par troupeaux de 5, 10 ou 15 le bord des routes, les véhicules les évitent soigneusement et elles, stoïques, ne bronchent pas. J'ai même vu un cyclomotoriste garé trop prés d'une vache couchée l'enjamber pour pouvoir poser pied à terre. La ville de Mahamalipuram...est beaucoup plus petite, 13300 habitants, ça va me reposer des 5 millions de Madras.

J'ai été piqué par un moustique il y a 2 jours et j'ai maintenant une grosse bosse au bras, je vais à l'hôpital, un jeune homme me propose de m'amener. J'ai de l'anti- moustique. Sous un soleil de plomb je suis reparti au parc ou se trouve plusieurs temples hindous très anciens, ils sont creusés dans la roche, les blocs sont énormes abrités par de vénérables arbres, c'est très beau. Je me suis assis dans le creux d un rocher et j'ai commencé à dessiner, dans l'après midi des gardes de la sécurité sont venus me chercher des noises prétextant que je ne pouvais pas faire de dessin. Des français parlant un meilleur anglais que moi ont essayé de négocier à ma place, rien à faire, j'ai du suivre les types jusqu'au bureau de conservation de site, situé à l extérieur du parc. Entre temps il a vainement essayé de me racketter de 200 roupies en m'assurant qu'il me laisserait tranquille. Me voila donc au bureau, le boss m'explique que je dois demander une autorisation Chennai (j'en viens) et coûte 25 roupies. Merde alors!!!!voila c'est bête non? Je n'ai pas achevé mon dessin, bof ! de toute façon il n'est pas terrible, pas facile l'aquarelle, pas facile.


Kanchipuram

Je suis à Kanchipuram, je me suis éloigné de la mer, 2 heures de bus, heureusement

j'étais avec un couple de français et nous avons discuté tout le long du trajet. Ils ont fait 17 jours en Inde, ils rentraient après demain en passant par Pondicherry et Madras.

Kanchipuram ce n est pas Mamalipuram petite ville de 13000 habitant, ici c est 200 000 habitants. C est énormément de monde dans la rue, énormément de boutiques, de restaurants, d hôtels, de rickshaws, de bus, de camions, de motos, de vélos, énormément de chaleur, de bruits, de cris, de klaxons, de poussière, et encore de poussière, les trottoirs sont défoncés, il n y a plus un centimètre carré inutilisé, et la foule, toujours la foule, au secours!!!

Bref, je suis épuisé et soul. J'ai trouvé un hôtel en descendant du bus, putain c'était minable, j'ai failli dire oui, alors que le type était en train de mettre les draps je me suis senti pris d'une bouffée d' angoisse et j'ai pris les jambes à mon cou sans demander mon reste. Tu aurais vu la salle de bain, toute moisie, éclairée par une ampoule de 15watt, pas de douche mais juste un seau d'eau, des chiottes à la turc , un méchant lit en ferraille, un vieux matelas marron foncé avec un énorme rapiéçage vert. De plus je me trouvais sur la rue et en Inde la rue c'est quelque chose. Le deuxième est un peu mieux, enfin c'est pas top non plus, pour une nuit ça ira. Les 2 sont recommandés par « le petit futé ». Merci les gars. Je ne vais pas rester, demain je file sur Pondicherry. Je suis venu pour les temples, malheureusement ils sont en pleine ville pour la plupart, pas de parc ombragé pour se balader, se rafraîchir, rêver, peindre, regarder les oiseaux , les papillons ou les singes facétieux. Je viens de voir mes premiers éléphants, ils étaient dans la cour d un temple, la tête et la trompe peintes de motifs blancs et rouges, le cornac invite les gens a monter dessus, sans grand succès je dois dire. Dans la cour d'un autre temple vers 5 h des hommes dormaient à l'ombre des colonnes, je me suis assis au fond du temple prés de colonnes peintes en rose j'ai récupéré mon souffle (j'étais venu en vélo) j'ai fait quelques photos et peint 2 ou 3 choses que j'avais sous les yeux. Je suis resté longtemps sans bouger et seul un jeune prêtre s'est tenu longtemps à mes cotés sans m'adresser la parole. Dans le dernier temple, trouvé un peu par hasard, il n'y avait personne, c'était un petit temple, mais le gardien m'a laissé rentrer dans le saint des saints, là oû en principe ne rentrent que les hindous, (du moins à ce que je crois). La nuit commençait à tomber, il faisait déjà sombre, j'ai pensé à un vieux temple Inca, avec des colonnes basses massives et à pans coupés. Dans la cour d'un temple j'ai vu un grand bassin carré rempli d'eau, un petit temple situé au milieu admirait son reflet. Sur les marches qui descendaient vers le bassin un homme s immergeait entièrement. J ai pensé à des images de Bénares vues dans les livres. A la sortie d'un temple un homme faisait bénir sa moto flambant neuve, un collier de fleurs jaunes pendait sur le phare, une petite flamme brûlait devant la moto et l'heureux propriétaire dût écraser un petit citron avec sa roue avant. Ce sont des petites choses, mais je m'y accroche. Tout de même le plus beau cadeau aujourd'hui ; le voici. Alors que je sortais de ma chambre, je suis tombé en arrêt devant de vieilles photos de temples Hindous installées dans le couloir de l'hôtel. Un employé d'une quarantaine d' années environ, un balai à la main, voyant que je regardais les photos, a dansé pour moi, à 2 reprises, (sans le balai....) une danse que j'ai supposé être celle de Shiva (mêmes postures observées sur les bas-reliefs des temples). Il dansait très bien. Il s'est excusé car sa « robe » le gênait pour effectuer certains mouvements puis a repris son balai et poursuivi son travail. Etrange instant suspendu, moment magique que je n'oublierai pas de si tôt. Merci Monsieur pour ce joli cadeau. Je pense avoir fait le tour de ma journée. En discutant avec des touristes de passage je me fais de plus en plus à l'idée que le Nord serait plus intérèssant. Les sites seraient magnifiques, les indiens moins agressifs avec les touristes, peut-être aussi moins arnaqueurs, les prix plus doux, et l'esprit de l'Inde plus présent. Enfin les avis sont partagés.


Aurobindo et Pondicherry

Ca y est! c'est la mousson pour de bon, il pleut le matin, le soir aussi, en ce moment ça n'arrête pas. J'ai loué une moto à Pondi, c'est bien pratique, c'est une petite Yamaha 125, pour 127 roupies par jour, soit 2 euros et demi. Je me balade dans le secteur très verdoyant d'Auroville, il faut savoir qu'Auroville était un village qui s'érodait beaucoup, la compagne de Sri Aurobindo ( la mère) a décidé d'y créer un espace plein de verdure, c'est très beau il y a aussi de très belles maisons souvent contemporaines, le site est dispersé sur des kilomètres. il y a des écoles, un centre artisanal, un centre d'étude de la langue indienne, un centre d'expérimentation agricole, pour y arriver il faut vraiment sortir de la route et s'enfoncer dans la campagne. On suit une piste de latérite rouge et parfois on tombe sur un centre d exposition ou des résidences sorties d'on ne sait ou serties dans des écrins de verdures dignes du paradis. Ici les oiseaux sont vert, bleu, orange, les papillons, blanc, rouge, noir, et d une dimension respectable, certains arbres ont des formes torturées et étranges. Ici ils ont essayé d'appliquer en 1968 au niveau d une collectivité les préceptes philosophiques chers à Aurobindo sur la recherche mystique personnelle. Il y a beaucoup d'étrangers qui circulent sur les pistes en moto avec leurs gamins.

Ici, a Pondy c est la fête , il y a des pétards dans la rue, de nombreuses boutiques sont bénies par les prêtres hindous, cérémonial un peu compliqué pour un néophyte, mais il y a des offrandes de bananes, de fleurs d autres fruits, une poudre rouge, peut etre du sel, de l eau , des sons de clochettes, du feu, autant de symboles dont chacun doit avoir une signification. J'ai vu également une divinité promenée dans la rue, couverte de guirlandes, de fleurs multicolores, elle était entourée d un grand soleil recouvert de petites lampes qui clignotaient comme à la fête foraine. Sur le char un prêtre torse nu, recevait les offrandes des passants, et les bénissait. Devant le char un musicien de tambour et un flûtiste dont la flûte descend presque à terre annonce l'arrivée du char. Derrière, un autre char suit, portant le générateur permettant d'éclairer le soleil et les 2 projecteurs illuminant l'ensemble de la procession. Ganesh, le dieu éléphant, puisqu il s'agit de lui, est supporté par un lion tout en métal argenté richement repoussé et décoré d un collier en tissu.

Pondicherry!!!! Alors là évidemment Pondi c est plus vraiment l'Inde, je parle du quartier français. Mais aujourd'hui ce n'est pas moi qui m'en plaindrai. Le style est colonial, grosses maisons bourgeoises et cossues,  à colonnes et balcons pour certaines, hauts murs d'enceinte abritant de luxuriants jardins, des arbres centenaires sur lesquels s'enroulent des caoutchoucs géants. Des flamboyants, des arbres aux fleurs jaune rouge ou orange. Les routes sont tracées au cordeau,  propres, larges, ombragées et à angles droits. Les trottoirs bitumés, il y a des trottoirs, ne sont pas défoncés comme partout en Inde ni encombrés de commerces ambulants. Pour couronner le tout une brise de mer caresse agréablement le cyclopédique badaud que je suis. Peu de gens, peu de circulation, pas de bruit, ni de poussière.

La plupart des bâtiments abritent soit des résidences privées soit des bâtiments administratifs, des écoles, françaises pour certaines, ou encore des oeuvres caritatives, Aurobindo par exemple.  Calme luxe et volupté. Le bord de mer tout proche, ressemble  à d'autres bords de mer comme la Baule, avec sa promenade ou dés 6 heures du matin une foule d'indiens viennent respirer l'air déjà chaud et moite de l'océan, discuter par groupes, flâner, méditer, jogger,  prier devant la plage , patiner, ou se dérouiller les muscles par des exercices d'assouplissements.

 

>Dans le parc de Pondicherry

Dans un parc, malheureusement défoncé pour cause de travaux, sur le coup de 2 heures de l'après midi, au plus fort de la chaleur, hommes et femmes sont allongés et siestent sur le gazon  ou sur le bitume des allées. Douce indolence et silence, je me sens aussi tout ramollo. Un peu plus loin un type enturbanné se signale à ma présence par des cris et des gestes. Une bande de sicks rigolards m'accueillent avec le sourire, je comprends bien vite quils veulent des photos de groupe (qu'ils ne verront jamais, puisqu' ils ne prennent pas la peine de me donner leur adresse, bizarrerie indienne). Aprés m'être exécuté, non sans difficulté car ils font les zouaves ( résidu colonial?) en feignant de vouloir grimper dans un cocotier, le même grand type basané, coiffé d un turban safran m'aborde en anglais, que je comprends à la perfection, et me fait l'article sur les immenses qualités que je porte naturellement sur mon visage, littéralement je le porte sur ma tronche, en particulier sur le front, (three points !, des chakras?, mimi chakra l'eau elle aime ca)  si si, je suis funny, bourré d'humanité et de coeur, merci c'est trop et en plus je sais faire le lapin  en sauce, que je ne suis pas comme les autres qui ne pensent qu'au business, au power, aux bagnoles, bouuuhhh les vilains pas beaux, que je suis « rich by heart » ( sik ! …oui je sais c'est facile ) « funny », mais alors « funny funny » (sur le dico funny c'est drole, amusant, mais bon, on va pas chipoter)  bref; un type formidable, oh oui encore encore, et patati et patata.   Tiens, à tel point que je me retrouve assis dans l'herbe avec madame Irma en face, il faut absolument  étudier mon cas. Pour l'instant je me sens mi-figue mi poulet au curry, mais j'attends la suite. Ca me rappelle la fable du corbeau et du renard. Faut  dire qu'à part mes fans  inconditionnels je reçois peu de compliments, gratuits j'entends. Maintenant Madame Soleil me regarde intensément pénétrant les secrets intimes de mon être et de ma destiné, soudain il déchire une feuille de mon book (merde une feuille de moins pour dessiner) je dois écrire le nom de ma fleur préférée puis le petit manuscrit plié est déposé au creux de ma main , le poing fermé ( je devrai plus tard l'ouvrir et souffler doucement dessus) je dois choisir un chiffre entre 1 et 10 et une lettre entre a et c, lui donner la recette du poulet à la moutarde  amstragam pic et pic et colegram bour et bour et ratatam plouf plouf , putain la nouvelle !!! D'ici 2 mois je vais avoir « trhee happiness », par contre pour l'argent ca sera pas top ( ben merde faire 8000 km pour apprendre que le pognon et moi  cest  une alliance contre nature). Voilà, safran 500 roupies... ( sick....comique de répétition) merci et au revoir!!!!Bon là j'hésite entre l'incrédulité bienveillante, et une irrésistible envie de lui faire bouffer sa serpillière jaune mais je me retiens pour 2 raisons ; (1) j'ai passé un bon moment en leur compagnie; (2) ils sont nombreux, jeunes et balaises, quoiqu'un peu grassouillets. Ok ok restons calme. Ooooooommmmmmmm !!!!! 50  roupies ca va ???? comment non? aaaah d'accord..y a…3 tarifs,…. c est 50 pour les « poor », 150 pour les « middle rich » et 500 pour les « very rich ». Comme je me classe dans la caste des  nainstouchables( pas de maison, pas d'argent, pas de travail), je me lève, le remercie chaleureusement , me déleste de 50 roupies au passage, et file direction « the beach » en laissant derrière moi une bande de sicks hilares venant de jouer un bon tour à un Frenchy mal blanchi. Moralité ; c'est bien la première fois que je donne de l'argent à une association ....de malfaiteurs. J'aime pas les religieux, sauf ma soeur, mais c'est ma soeur que j'aime.

 

Tiens a propos de religieux y avait dans le bus en face de moi un musulman tout de blanc vêtu, coiffé d'une calotte blanche qui, pendant 2 heures, marmonna  des prieres entre les lèvres en prenant une tête de martyre, pfffff.... pharisien.


Ce matin tres tôt, 6 heures, j'ai assiste à une cérémonie religieuse hindou dans un temple décoré de colonnes en métal repoussé jaune, de grands tableaux polychromes representant Ganesh , receuillement, ferveur, silence, chants, gestes de priere  c etait beau.


La circulation

Voici le courrier volatilisé d'hier soir ou plus exactement une pale copie  diurne de ma soudaine, géniale et fulgurante inspiration (pollution) nocturne, quasiment Dalienne. Si si….le bus a mis 3 heures pour se rendre àPondi depuis Kanchipuram.. comme tous les chauffeurs celui-ci est un abruti congénital macho et suicidaire...ou killer, je ne sais pas. Il klaxonne à tout bout de champ, (jai craqué au bout d'une heure trente, sauvé in extremis d'une crise de démence paroxystique aigüe par des bouchons  d'oreilles trouvés incidemment et fort à propos au fond de ma poche ).Tous les chauffeurs conduisent pieds nus ou en claquettes. Parfois la route est si étroite qu'un seul véhicule passe. Des piétons traversent ou circulent le long de la chaussée sans arrêt. Donc après avoir brossé un tableau tres succinct du paysage routier je t'explique à présent la procédure permettant de croiser un autre véhicule, en particulier un autre camion. En principe en Europe et sur une route étroite lorsqu'un chauffeur rencontre un autre camion, à plus forte raison lorsque l'un et l'autre roulent à 80 km heure, ceux-ci-freinent à 100m de l'obstacle, puis se rabattent sur le coté, chacun ayant un morceau démocratique de la chaussée. Et bien lui non!!! A 100m du camion il ne bronche pas d' un pouce, pire il accélère !!!!....et se rabat au dernier moment; le dernier moment, j'ai bien cru qu'il était pour ma pomme.

La circulation en moto est assez folklo, il faut faire gaffe aux chèvres, aux vaches, aux piétons, aux cyclistes, aux motos, aux rickshaws, aux poules sur le trottoir, à leur nid sur la route, aux camions qui arrivent en face mais pas en face au sens ou on l'entend en France, non, en face vraiment !!! sur le même coté de route, et qui ne pensent pas à se rabattre. La Loi du plus fort. Mieux vaut faire gaffe aux virages, surtout ceux équipés d'une ligne jaune de non franchissement. Ce serait une grave erreur de penser qu'on peut rouler sans crainte car le danger vient d'en face, (toujours selon les normes hindous, voir plus haut) c'est à dire qu'ils doublent dans les virages sans visibilité. Pour finir, les vélos n'ont pas de lumière et les automobilistes mettent enfin leurs feux quand il fait noir et pas avant, ou très rarement. A part ça c'est le pied de rouler, y a quand même des endroits sans danger et c'est un vrai plaisir de sentir un peu d'air frais sur soi. Parfois le paysage est magnifique avec les femmes dans les rizières vert-jaune presque fluo, courbées pour planter les pousses de riz dans leur sari chatoyant.


Voici le circuit que j'ai realise depuis Pondicherry, Tanjore, Madurai, Rameshwaram, en face du Sri Lanka, retour sur Madurai, et pour finir, Kodailkanal. Aprés-demain j'ai 8 heures de bus pour descendre dans le Kerala, il faut compter 4 heures pour parcourir 160 km. c'est un voyage mais pas vraiment des vacances reposantes. Sur la route Pondicherry-Tanjore j'ai assisté à la mousson, il a plu la moitié du temps, les routes en ville étaient inondées, les gens marchaient nu pieds avec de l'eau jusqu'aux chevilles, tout était transformé en boue, un vrai cloaque. Il pleuvait dans le bus sur mes sacs, j'ai eu 3 jours de pluie, pas marrant. J'ai laissé la moto à Pondi, je pensais qu'elle n'était pas assez fiable pour faire beaucoup de route, problème d'embrayage. Il faut voir les trombes d' eau !!! J'imagine ce que ça donne au bout de 2 mois de mousson. Dans le bestiaire indien je vois sur la route des buffles, des singes, beaucoup de corbeaux, des chêvres, pas de moutons, des vaches, des éléphantines dans les temples, des paons en liberté, des papillons magnifiques , et j'en oublie sûrement.


Rameshwaram

J'ai assisté à une cérémonie, une procession au son des tambours dans les galeries d'un temple, à Rameshvaram, des centaines de personnes suivaient un veau d'or perché sur un palanquin, porté par des prêtres. La galerie qui fait le tour du temple mesure 300m de long sur 175 m de large, d'énormes piliers décorés de lions soutiennent l'ensemble, colossal !!! à Tanjore, un immense ensemble de plusieurs temples à l'intérieur d'un parvis cerné d'une muraille grande comme 2 stades de foot. Ces temples sont vieux de 1000 1200 ans ou plus, des centaines et des centaines de personnages sculptés décorent leur toit en forme de pyramide tronquée.
Dans la série des petits moments heureux, une femme qui pique-nique dans la cour d'un temple vient m'offrir des friandises. Les hommes sont très soigneux, rasés de prés, avec de belles moustaches, la coupe de cheveux impeccable, leur chemise et leur pantalon toujours propres et repassés. Dans le bus, contrairement à l'Afrique, les gens transportent très peu de bagages. Je n' ai pas encore vu d hommes fumer. A Madurai j'ai soupé sur la terrasse en haut de l'hôtel c'était bien agréable, je dominais toute la ville caressé par une petite brise nocturne. Je commence a m' habituer à la conduite indienne. Il doit y avoir un dieu pour les chauffeurs de bus, ils doublent tous d'autres camions dans les virages sans visibilité, il faut s'y faire. Il y a ici un mélange de sacré et de profane qui ne semble gêner personne. Je t'ai parlé d'une procession dans un temple ; juste après que la procession soit passée un tracteur déboule avec sa remorque dans la galerie. Il y a souvent des vendeurs de cadeaux et de nourriture à la porte des temples et parfois à l'intérieur. Les gens viennent ici en famille et piquent-niquent un peu partout.
Pour l'instant je dois reconnaître que c'est un voyage fatiguant, beaucoup de bruit partout, de chaleur, de poussière, et la barrière du langage. J'espère que ce sera plus cool dans le Kerala.


La vie du routard

La vie du routard n'est pas précisément un sentier jonché de pétales de roses jetées opportunément par des anges en culotte de velours rouge et bas résilles. Je te mentirais si je te disais que je flotte sur les eaux calmes et sereines de la félicité béate. Les conditions matérielles sont parfois précaires, les parcours en bus sont éprouvants tant pour le dos, les fesses, la nuque que pour les oreilles. Bien que datant de la reine Jeanne les bus sont tous équipés ( à mon grand désespoir) de baffles diffusant (hurlant plutôt) des chants, de la musique ou des films provenant de la radio, des radiocassettes, dvd, cdrom et même mp3. Si le bruit du moteur est très « présent », la musique le couvre aisément. Le temps moyen de transport est de 4 a 6 heures pour faire 120 à 160 kilomètres. Le pauvre touriste que je suis en ressort éssoré, le regard halluciné et un tantinet stréssé. Mon entrée en matière pourrait laisser penser que l'Inde s'est transformée en montée au Golgotha ou en descente aux enfers, au choix . Ce n est pas tout à fait vrai, au milieu de ce chaos frénétique, l'Inde et ma bonne étoile m'offrent ma ration quotidienne de bonnes surprises sous une forme ou une autre ; visuelle, auditive, olfactive( pour ce qui de la gustative j'aurais 2 mots à dire).


Kodailkanal et Kumily.

Je suis dans une petite ville de montagne à environ 2000 mille mètres, Kodaikanal, ambiance très différente de la plaine ; des montagnes couvertes d'une végétation luxuriante,
des fleurs magnifiques, orange vif, rouge, des volubilis bleus , des daturas, des lantanas, des bananiers, et des plantes que l'on trouve parfois chez les fleuristes et qui poussent ici dans un format.. .différent. Des singes par dizaines sur le bord des routes. Je suis arrivé en bus de Madurai, il pleuvait un peu, beaucoup de brouillard, et j'ai du me mettre un pull. Je suis dans un petit hôtel vraiment sympathique, ce qui me change, avec de la pelouse, on dirait une petite maison béarnaise, en pierre, avec du lierre sur les murs et des fleurs partout. J'ai été malade cette nuit, nausée et vomissements une bonne partie de la nuit, j'ai du manger un truc douteux. Le voyage, 4 heures de bus, a été assez pénible compte tenu de mon état mais ça va mieux maintenant. La fraîcheur me fait du bien, je vais rester 2 jours ici pour me balader dans la nature. J'ai vu des lacs, des cascades, j'espère pouvoir réaliser quelques peintures et photos dans la nature loin de la foule et de la ville.

 

Kodailkanal est une petite ville de 20000 habitants, mais ils sont tous dehors, ce qui fait du monde surtout le soir car ils n'écoutent pas PPDA. Cette petite ville est située en bordure du Tamil Nadu au bord d un parc national. Je me promène sur des sentiers caillouteux au milieu de forets aux essences très variées, des eucalyptus, des chants d oiseaux et des fougères arborescentes. Un sentier sent la citronnelle. Parfois la brume monte de la vallée et les petites maisons de pierre donnent au paysage un air de Bretagne. Je longe des torrents bouillonnants en contrebas de la route et regarde passer les femmes chargées de long fagots de bois. Je m'arrête un instant sur un gros rocher qui surplombe le chemin et me donne une vue imprenable sur la colline en face. La brume monte rapidement de la vallée et enveloppe de blanc la crête et ses arbres créant des ombres chinoises flottantes dans l'air pur. Je pense aux aquarellistes chinois qui savent si bien rendre cette sensation de transparence et de légèreté fugitive dans la province du Huang Shan.

Je reprends la route après cette petite halte fraîcheur ( il fait 20 degrés le soir et j'ai froid avec un pull). Aprés 6 heures de route me voici à Kumily. Le village d'environ 20000 âmes ( mais qui en paraît beaucoup moins car ils captent TF1 ) est situé à 800m d'altitude environ.Je suis dans l'état du Kerala au sud sud ouest de l'Inde désormais. C'est un endroit assez fréquenté par les touristes car il est situé en bordure d'une jungle protégée oû l'on peut voir, avec de la chance, des tigres, des éléphants, des ours, et bien d'autres espèces, des singes des pythons, des porcs-épics, des daims, des cochons d'Inde … J'ai trouvé, (merci le routard) un charmant petit hôtel à Kumily et je dors dans un adorable petit bungalow en bambou au fond d un jardin prés de la jungle. Je peux regarder tout à loisir les oiseaux exotiques et les papillons extraordinaires que l'on trouve ici.



La jungle

Ce matin j'avais rendez-vous avec un guide a 5h40 devant l'hôtel pour un mini trek de 3 heures dans la jungle. Aprés s'être protégés des sangsues par des chaussettes remontées au dessus du pantalon et de la poudre à tabac sur celles-ci nous nous enfonçons à pas rapides et silencieux dans la forêt. Aux premières lueurs du jour les chants ou les bruits des oiseaux nous accompagnent ainsi que le bourdonnement des insectes. Tout en haut des arbres à 15 ou 20 m des singes noirs poussent de grands cris rauques et sautent d'arbres en arbres. Un petit daim s'enfuie sur notre gauche, un grand écureuil nous laisse voir le bout de sa queue. Nous grimpons maintenant sur une colline au milieu des hautes herbes àéléphants. Le guide nous montre effectivement des traces de pas et plus loin des bouses ( grosses les bouses). Tout à coup une odeur emplie nos narines, je reconnais celle des animaux sauvages que l'on peut sentir dans les cirques ou les zoos. Si Shiva est avec nous, peut-être verrons nous... En attendant le guide nous montre une sorte de petit mimosa qui se rétracte quand on le touche, mais aussi un teck abattu par une femelle éléphant afin d'en manger l'écorce ( c'est costaud un éléphant). Plus loin un autre teck , debout celui-là , dont l'écorce a été arrachée par un mâle, on peut encore voir les coups portés par les défenses sur le tronc. Tout à fait en haut de la colline sur un promontoire rocheux, nous trouvons des déjections d'ours, mais plus intéressant nous découvrons sur notre droite la plaine du Tamil Nadu et ses cultures de bananes et de riz et sur notre gauche les contreforts montagneux du Kerala et ses cultures d'épices de café et de thé, c'est grandiose. En attendant d'hypothétiques félins et autres facétieuses bestioles nous observons à la jumelle 2 cervidés et plus prés de nous de drôles d'oiseaux huppés blanc noir et rouge. Nous redescendons par un autre chemin pour effectuer une boucle et si Ganesh, le dieu éléphant, est avec nous…. .Tout au long du parcours Babou me montre des baies comestibles utilisées par la pharmacopée Ayurvedic indienne, des racines comme le gingembre, le ginger ale, des poivriers sauvages. En me certifiant qu il ne s agit pas d un piment, Babou me tend un minuscule fruit vert. « Petit scarabée la force ne réside pas dans la taille » me dit il : j hésite. j hésite, Shiva ou Shiva pas ? Je croque dans le fruit autorisé....... meeeeeerde !!!! je suis tombé sur un guide farceur!!!! . Bon de toute façon c'est pas lui qui va me Ganesh le plaisir et nous nous enfonçons à nouveau dans la grande forêt. Je n'entretiendrai pas plus longtemps l'insoutenable suspens des aventures extraordinaires de Teintein au pays des tigres mangeurs d'hommes au curry , je n'ai pas aperçu plus de tigres, éléphants, ours et clé de 17 que d'entrecôte bordelaise grillée sur des sarments de vigne avec une noisette de beurre persillée fondante accompagnée d'une délicieuse portion de frites dorées à point, mais je m'égare…

La balade s'est terminée autour d'un café offert chez mon guide, c'était une bien jolie matinée. Cerise sur le gâteau, j'ai vu un magnifique papillon noir et bleu.

.Ce soir je vais assister à un spectacle de danse Katakali, et demain à la visite des plantations de thé, la récolte, et l'usine de traitement.


La route des épices

J'aimerais maintenant aborder le problème délicat de la nourriture , et si quelque chose me sape complètement le moral c'est bien la bouffe et dans une moindre mesure l'hébergement . Ici le bât blesse… et fait mal !!

En préambule du chapitre intitulé : “ Une ba- annale histoire de cul” je voudrais insister sur le fait que dans la journée d un voyageur le repas et le coucher sont des etapes importantes et reconstituantes permettant de retrouver ses repères et du courage pour la suite. Enfin pour résumer la situation et en un seul mot les Indiens et nous n avons pas les mêmes “ valeurs” ni les mêmes saveurs d ailleurs. Ils cuisinent tres bien, leurs plats sont variés et de qualité mais alors épicés, épicés… Ici l expression “ avoir le feu au cul” doit se comprendre au sens littéral.

Les supplications répétées, quasiment à genoux de ne me servir que des plats SWEET ,( no pepper, no spice, no chilli, please) restent sans effets et semblent du domaine de l'inintelligible pour eux. Un plat renvoyé en cuisine me revient de manière quasi identique… et immangeable. Complètement dépité, au bord de la crise de nerf, je file, non sans avoir payé la note, (salée elle), finir un paquet de biscuit dans ma chambre et méditer sur l'ingénieuse perversité des cuisiniers indiens, (c est sûr ils le font exprès). Un signe révélateur des habitudes culinaires de ce pays, les salières ont un trou les poivrières plusieurs. Je ne résiste pas au plaisir de vous narrer quelques mésaventures amusantes de ce voyage. C est le piment du voyage si je peux m exprimer ainsi. Un garçon m'apporte un jour une bouteille d eau minérale en me demandant très courtoisement si je désirais un verre!!! « Mais non mon grand je vais boire à la bouteille tiens !!!! »

A 2 reprises j'ai constaté à mes dépends des erreurs dans les commandes, ainsi sachez qu'une soupe de légumes prise en commande par le serveur, notée et répétée par lui même, se transforme par la seule force de la pensée indienne en salade de riz, et que l'avatar le plus proche du poisson frît reste la crevette en sauce.

Pour clore le chapitre de la nourriture, je suis membre actif d une vénérable institution belge proche de la non moins célèbre Alliance Française de Pondicherry. Cette association currytative se propose de prendre en charge les cuisiniers indiens qui sont tous de grands malades pervers affligés d une maladie contagieuse, la pimentomanie, encore appelée le syndrome Monsieur Plus ( vu a la télé). Ces TOC , sortes de tics, se soignent par absorption progressive de produits de substitutions sans danger pour l'organisme tels que basilic, thym , lauriers, farigoulette. En théorie le malade guérit au bout de 6 mois, les cas de récidives sont traités par un stage culinaire obligatoire en France , les jusqu'aux bouddhistes sont assaisonnés par Ducros lui même.


L hébergement

Dans le domaine de l'hôtellerie je n'ai pas encore tout essayé mais le style est contemporain des années 70 ; béton, classique, cubique, sans âme, sans cachet, impersonnel, vaguement international, sans décor dans les chambres, propre souvent, avec une plomberie déglinguée et un nombre impressionnant d'interrupteurs qui ont dû servir autrefois à quelque chose. On se croirait dans les hôtels pour touristes de l'époque Brejnevienne, et le personnel ne dépare pas dans le cadre. Indien et communiste ça fait beaucoup. Parfois je tombe sur des hôtels plus charmants à l'accueil personnalisé mais plus cher.


Les danses Katakali

J'ai assisté à un spectacle de danse Katakali. Cette danse théâtralisée date du 17° siècle. 2 acteurs se produisent sur scène, accompagnés par un tambour et un cymbaliste chanteur et conteur. Les personnages sont richement habillés et maquillés et l'un d'entre eux a le visage peint de motifs vert, noir et orange, c'est un peu Marceau en arlequin. Les acteurs n'ouvrent jamais la bouche mais miment leurs émotions par des gestes de la tête, des roulements d'yeux, des mimiques expressives et autres simagrées,... simagrées …….six magrets de canards aux petits pois, pommes de terres sautées et quelques cèpes et girolles arrosés d un petit Bordeaux, et pour finir une glace à la vanille enrobée d une crêpe chaude, …mais je m égare a nouveau….et des mouvements des mains des doigts et des pieds complexes, il existe 24 positions des doigts pour exprimer la palette des sentiments ou des situations. Derriere les acteurs le cymbaliste chante une mélopée plaintive, une sorte de récitatif. Je ne connais rien à la culture indienne, mais je pense qu'au 17 siècle elle était la quintessence du savoir culturel et artistique de l'Inde, c'est un langage d'initiés très complexe pour un non averti. Il n'y a aucune place pour une interprétation personnelle de l'acteur puisque chaque déplacement, chaque mimique sont chargés d'une signification. Ce théâtre est le produit d'une civilisation arrivée au sommet de son art, bourrée de références aux rites, aux traditions aux légendes de l'Inde.


L'inde c'est très :

très chaud, très bruyant, très pluvieux, très humide, très poussiéreux, très moisi, très épicé, très déglingué, très cyclomotorisé, très kitsch, très speed, très cool, très moche, très beau, très vert, très énervant, très reposant, très fatiguant, les saris sont très colorés, les enfants très beaux, les indiens très religieux, très profanes très aimables, très souriants, très propres mais les rues très sales,très fleuri, très système D, très nouveau riche, très pauvre de toujours, très démocratique, très caste, très peuplé.

I inde c est trop.


Le Kerala

Je suis à Varkala, une petite plage face à l'océan. Il est 18h, le soleil est en train de se coucher, il fera nuit dans une demi-heure. Les nuages se colorent de plus en plus intensément d'orange vif et le ciel derrière reste bleu-gris avec un mélange de rose délayé comme une aquarelle détrempée. Un spectacle grandiose sur écran géant à 180 degrés. Sur ma droite la falaise plonge dans la mer et les vagues viennent s'y fracasser avec force. Longeant la falaise qui surplombe la plage, des petits restaurants et des boutiques sont cachés au milieu des palmiers et des cocotiers. Ici c'est l'inde tranquille, quelques touristes étrangers, ce n'est pas encore la pleine saison, l'air est poisseux. Je mange face à la mer sur la terrasse d'un restaurant à la lumière d'une bougie. Il fait 29 degrés il est 8 heures du soir. A chaque jour ou presque un petit cadeau, ce soir c'était ce coucher de soleil, hier les pêcheurs qui remontaient leurs filets de pêche à la nuit tombée dans les Backwaters. Les carrelets (filets chinois) plongeaient et remontaient doucement ( comme sur les bords de la Garonne) Des reflets de torches, pour attraper le poisson, miroitaient sur l'eau en longs filets scintillants, des pêcheurs sur des barques éffilées glissaient lentement, se propulsant à l'aide d'une grande perche sur un miroir d'eau calme orange et bleu nuit. J'ai essayé de prendre quelques photos, mais au 15eme de seconde au 105mm sans pied sur un bateau...... Le voyage en bateau a duré 8 heures à travers les canaux, parfois larges comme la Garonne, parfois comme le Gave, ou encore sur des plans d'eau grands comme le lac de Sanguinet. Il existe également des canaux pas plus larges que le courant du Huchet. D'étranges bateaux circulent sur les Backwaters, si la coque est classique, la partie habitée l'est moins, elle est constituée de joncs tressés avec une allure de pagode japonaise, on peut faire le voyage en plusieurs jours, y dormir et manger. Dans le bestiaire Indien, j'ai vu cette fois-ci des aigles (pécheurs j'imagine, je ne connais pas de souris amphibie) des nuées de chauve-souris grandes comme des corbeaux, des échassiers, (des tas de marques inconnues) des martins-pêcheurs, et toujours d'incroyables papillons, ah aussi des araignées très très grosses, brrrrr. Dans une réserve à Tekkali dans la montagne et sur une croisière de 3 heures longeant des collines à demi noyées par un barrage artificiel, j'ai pu voir 2 éléphants en liberté, des cervidés, des cochons et des chiens sauvages, une loutre, un buffle. Toujours pas d'ours et encore moins de tigre, mais ils se montrent en moyenne une fois tous les 10 jours. Les indiens sont des gens aimables, souriants, courtois, patients, et si parfois certains sont collants, un non ferme et souriant suffit à les décourager. Ils font souvent passer les étrangers en priorité dans les files d attente, et sont très curieux de vous connaître.


La rencontre

L inde est un pays de contraste..... je suis désolé de commencer mon entrée en matière de façon aussi conventionnelle, quasiment " Connaissance du Mondesque" mais force est de reconnaître que c'est vrai. Je crois vous avoir décrit en long et en large , depuis un mois les beautés de l'Inde, ses paysages, sa flore, sa faune, ses araignées, non pas ses araignées, la beauté des saris, le sourire des enfants, les montagnes dans la brume, les plages de cocotiers, etc...ça c'est le cote pile de l'Inde mais il y a un coté face, et encore quand je dis face…

Bon là j ai longtemps réfléchi a la façon de vous présenter mon récit, j'en suis arrivé à la conclusion que le mieux serait de le traiter par l'humour, si si je vous assure ça sera mieux pour vous et moi.

La scène se passe au guichet de la gare de Varkala, je suis en train d'acheter mon ticket au guichet pour Cochin, soudain je sens quelqu'un toucher mon bras, je me retourne < OOOHHH PUTAIN !!!!!!!!! >c est le cri que j'ai poussé, en une fraction de seconde j ai vu……. je me suis retourné précipitamment vers le guichet très secoué. J ai vu….. un homme…en fait je ne sais pas si cétait un homme, plutôt un truc un machin, un monstre échappé du tournage d un film gore. Comment vous le décrire?. Le mieux serait que vous alliez à RETIF acheter une tête en polystyrène sans perruque, rapportez également plusieurs sac de billes, des grosses des petites des énormes, de la colle aussi. Voila, vous y êtes? Ok. Maintenant vous allez coller ces billes sur le visage et le cou de votre poupée de manière aléatoire jusqu'à recouvrir entièrement le visage, le cou et le crâne....alors ça donne quoi? Non c'est pas encore ça, je ne voudrais vous faire engager des frais supplémentaires mais vous allez repartir acheter 3 sacs de billes, et de la peinture marron. Maintenant vous pouvez rajouter une couche pour le visage et 2 pour le cou. Laissez un peu de place pour les orifices. Peignez en marron le tout. Vous avez je pense une idée assez précise de ce que j'ai vu. J'ai encore l'image de cet homme dans la tête, sur le moment pas de compassion , de charité chrétienne ou de pitié ( jai vu comme vous Elephant Man mais c'est Tom Cruse à coté ), juste une immense répulsion et une sacrée frousse. Pas de commentaire à faire, je ne sais pas ce que c'est comme maladie, vous savez vous? En tout cas ça existe bel et bien et c'est en Inde.


Quelques différences...

Comme un général de campagne déclarait que la grandeur de l'armée se mesurait à la finesse de ses épluchures de patates ( encore un futé celui-là ) les différences fondamentales entre pays se repèrent parfois à des détails insignifiants en apparence.

Prenons un exemple ; personne ici ne se cure le nez en attendant que le feu passe au vert, et pourtant tout le monde crache par terre après s'être consciencieusement et bruyamment raclé la gorge. Alors c'est pas fondamental ca ? Tout de même se nettoyer les écuries c'est mieux non?

exemple suivant : dans la salle de bain vous ne trouvez que rarement des miroirs ceux ci se trouvent... dans la chambre, pratique pour se raser. Toutes les portes de chambre possèdent un double verrou, l'un à l intérieur de la chambre, l'autre à l'extérieur, celui-ci peut s'actionner indépendamment du premier et sans l'aide d'une clé, c'est une simple targette. Si un matin vous êtes d'humeur taquine vous pouvez enfermer pour la journée vos voisins et leur couper la climatisation car l'interrupteur général des chambres se trouve aussi à l'extérieur, et le type meurt étouffé, marrant non? personnellement j'ai essayé avec un étage mais on peut le faire avec tout l'hôtel.

Les femmes vous bousculent sans vergogne pour sortir du bus les premières et se glissent à votre hauteur ( ah les perfides) au guichet, elles obtiennent ainsi leur billet et le rendu de leur monnaie avant même qu'on vous ait rendu la vôtre. Les hommes ont le droit de fumer et de boire mais pas les femmes, c'est normal et c'est bien fait. Ils conduisent tous à gauche, c'est pour cela qu'il y a autant d'accidents. Sur certains modèles des motos Royal Enfield les commandes, sélecteur de vitesse / pédale de frein arrière sont inversées , comme je n'ai pas de frein avant je n'ai pas interêt à me tromper. Mais je ne vous ai pas présenté mon, ou ma nouvelle amie, il ou elle s'appelle CHANG comme l'ami de Tintin au Tibet, elle a 2 roues, 15 ans elle s'appelle de son vrai nom Royal Enfield Bullet et nous allons essayer dés aujourd'hui de faire la route ensemble. En réalité ce n'est pas encore une amie, c'est de la pure démagogie, c'est juste pour qu'elle ne me plante pas en route, à dire vrai j'ai des vues sur une plus jolie, plus jeune et encore vierge.

Je continue : il est impossible de trouver sur une table de l huile et du vinaigre, adieu les appétissantes salades de tomates, les plats arrivent dans le désordre, selon l'ordre de cuisson apparemment, les spaghettis, s'ils sont prêts, la soupe en suivant et pour finir le poulet, non je ne suis pas en Italie mais j'ai renoncé à la nourriture indienne. La confiture du breakfast m'a été servie sur une petite cuillère elle même posée sur une serviette en papier, la confiture avait coulé sur la serviette et la cuillère restait collée au papier.

En Inde on défie tous les jours les lois sur l incompressibilité des corps en milieu hostile Comment faites vous rentrer 8 indiens dans un rickshaw (triporteur) quand 3 européens rentreraient avec peine. Pas de réponses à cette équation, mais sachez que c'est possible ici.

La notion de danger, de responsabilité, de prévenance des risques prennent une autre dimension. Les parents portent souvent 3 enfants sur un scooter, ce qui fait 5 ..sans casque bien sûr. Les parents aiment ils moins leur enfant que nous pour autant?. Les manoeuvres sur la route se font toujours au plus juste, marge de manoeuvre tres faible, prise de risque maximum, frayeur garantie,. Ici le klaxon, c est la panaçée, c' est St Christophe.

La notion de propreté est aussi ....là j'allais écrire différente, mais c'est plutôt «  diamétralement opposée ». Ca reste une énigme et un paradoxe. D un coté des hommes tirés à 4 épingles, corps soigné, rasés de prés, bien coiffés, chemise repassée etc, de l'autre coté un environnement jonché de détritus, d'une saleté parfois insoutenable et que tout le monde semble ignorer.

Peut-etre y a t 'il pour eux deux domaines, celui de l'individu et celui du collectif. Ou alors, les termes propreté et saleté ne recouvrent pas les mêmes critères qu'en Occident. Ou bien encore estiment-ils que le ramassage des ordures est du ressort des intouchables.

La notion de temps aussi, ici on compte en heures et pas en kilomètres, oubliez vos ratios ou prenez l'avion.

A la terrasse d un resto qui domine la ville d'Agra, et oui je suis toujours à Agra, mais un jour j'en sortirai, je jouis d'un beau spectacle, un très honnête feu d'artifice dans la ville plongée dans une douce et brumeuse obscurité, un muezzin s'époumone à convertir tous les infidèles, un croissant de lune rougit de plaisir, et la silhouette du Taj Mahal se distingue encore un peu dans le gris noir de la ville.


Agra

J'ai fini par partir de cette chaudière  du Sud, c'était devenu infernal, une moiteur, une chaleur impossibles. J'ai pris mon billet le matin, pas facile à trouver, la gare est immense, énormément de monde dans les files d'attente, c'est sale, noir de crasse, des gens partout par terre à attendre un train, des indications en hindi, du bruit, milieu vraiment hostile. Attente interminable à l'hôtel jusqu'à 9 heures du soir ( j ai payé 150 de plus), pas envie de sortir dans cette moiteur et cette foule grouillante. Impossible de marcher sur des trottoirs encombrés de gens assis, couchés en plein milieu, un homme assis dessine des divinités sur un méchant carton posé sur ses genoux, je lui achète un bloc de papier, mais le temps de revenir il avait disparu. Je n'ai pas obtenu de billet pour Benares pour cause d'inondation mais pour Delhi. Le train est parti à 10h du soir pour 30 heures de trajet, j'étais en sleeping avec clim et ventilation, repas, couverture, traversin, couchette et couverture, ça allait. J'ai mis du temps à trouver car il y a beaucoup de quais et le train fait plusieurs centaines de mètres, nos noms sont collés à l'extérieur des wagons sur des listes imprimées. J' étais avec un hindou du nord, je ne comprenais absolument rien, mais il s'obstinait à me parler, j'avais le dictionnaire en permanence et je faisais sans cesse répéter.

Si la première nuit et la journée se sont bien passées, la dernière nuit a été assez pénible, car je n'avais pas trop sommeil et surtout je ne voulais pas louper la gare d'Agra qui se trouve sur la route, en effet sur les conseils de mon voisin, je me suis arrêté à Agra à 4 h du mat, le problème c'est que le train  s'arrête dans des gares  assez sombres, oû les indications en latin sont  rares et peu éclairées, en l'absence de messages dans le wagon, il faut deviner le nom de la station. A peine mis le pied sur le quai, je me suis fait accoster par un rickshaw qui voulait à tout prix me faire dormir dans son hôtel, oh la la je déteste, heureusement il y avait un « prepaid » qui permet de régler sa course avant de partir, cela évite les discussions interminables, il faut rester ferme dans ces cas là, je me suis trouvé juste à coté de la porte Est du Taj, dans le taxi j'avais froid malgré un pull, la rue était déserte, avec seulement une petite boutique faisant du thé, l'hôtel était fermé, je me suis assis dans la rue, j'ai attendu que l'hôtel ouvre en buvant un thé, méchant coup de cafard, fatigue après 30 heures. J'ai vu passer silencieusement une caravane de 5 dromadaires portant des ballots de linge, tiens je suis dans un autre pays. Un peu avant 6 heures l'hôtel a ouvert, j'ai déposé à l'accueil mes sacs et je suis allé payer mon entrée au Taj, il y avait déjà du monde. Je pense que c'est le plus beau monument qu'il m'ait été donné de voir. Bien à l' abri des regards derrière de hautes murailles il se découvre à votre regard d'un seul coup et dans son intégralité seulement lorsqu'on franchit l'une des 3 portes monumentales (grandes comme des châteaux) disposées en 3 points cardinaux. La lumière se levait doucement, il avait une grâce, une légèreté... je me suis assis sur des marches face au mausolée, et j'ai tenté de le dessiner, j'ai raté, gommé, reraté, regommé, j'ai craqué, je suis passé aux photos, j'avais alors assez de lumière, puis j'ai repris le dessin, patiemment je suis resté très longtemps à travailler, le résultat est somme toute honorable. Vers 10h il y avait foule, je me suis éclipsé. Demain je vais visiter le Fort Rouge, de l'extérieur cela ressemble à la cité de Carcassonne par ses dimensions. Je pense continuer la route en moto, c'est plus cher mais j'ai envie de m'éclater un peu et de me sentir un peu plus libre. Ce soir j'ai pris le vélo pour me balader dans la campagne, ça m'a fait du bien de sortir de la ville de la poussière et des véhicules. Des paons picorent en liberté dans les champs. Les petites maisons sont peintes en bleu ou en vert ou en blanc ainsi que les petits murets aux formes adoucies comme en Grèce, la cour  toute sablée est balayée avec soin. Je ne passe pas inaperçu, tous les enfants me lancent des « Heuuloooo Heiii », essaient de me toucher la main, de m'arrêter pour discuter. La végétation différente, ressemble à celle de notre Midi.  L'hôtel est sympa, chambres en enfilade sous une marquise, petit jardin planté de bananiers, calme car éloigné de la route, on y accède par un long chemin dallé, le restaurant fait une cuisine que je peux avaler, tout va bien. A part ça pour trouver une moto j ai bien galéré, la ville est complètement déglinguée mais le pire dans tout ça ce sont les rickshaw, mon Dieu ils sont dans un état!!! défoncés de partout, cabossés, troués, écaillés, c'est une horreur. C'est dur de passer des heures en ville sans trouver un seul endroit beau oû se reposer l'oeil et l'esprit. Tout est moisi, sale, écroulé ou en construction, grouillant, poussiéreux, oufffff. Ce soir j'ai longé en vélo la muraille du Taj et me suis retrouvé devant le fleuve alors que la nuit descendait sur la gauche j'avais l arrière du Taj Mahal, et au loin, au delà du fleuve des feux d artifices. Une petite étoile brillait au dessus des minarets et le ciel se colorait d'un dégradé de bleu et d orange. C'était reposant mais comme toujours, disons souvent, en Inde, le sacré et le profane se mélangent intimement. Je me suis fait agresser par des moustiques, j'ai du battre en retraite et les abords du fleuve étaient pleins de détritus. Ici la température est plus clémente, mais surtout l'air est plus sain, l'impression de respirer un peu même s'il fait chaud.


La location de ma moto

C est mon accent qui a du me trahir. Le type a de suite vu que je n'étais pas du pays.... et il en a profité.... Il m'a fourgué la seule moto invendable en Inde, celle qu'aucun indien qui se respecte n' aurait eu l'idée d'acheter ou de louer. Certes elle tourne bien, elle est équipée : d'un réservoir, de deux roues, d'un moteur, d'un guidon mais elle n'a pas de ...klaxon !!! Il doit y avoir des millions de véhicules à 2, 3 ,4 roues, le seul à ne pas voir de klaxon : c'est le mien. Je ne serai jamais Indien.


Pushkar

Je suis à Pushkar, Pushkar se situe au bord d'un lac entouré de collines. Ceinturant ce lac, des ghats ( des marches) plongent dans l'eau verte. Il suffit de sortir de la rue principale et de s'engager sous un porche, on y est de suite. Hier soir c'était particulièrement beau, il y avait une cérémonie et les lumières des grands hôtels de l'autre coté du lac se reflétaient dans l'eau, des pétales de roses et des petites assiettes blanches avec des bougies flottaient à sa surface.

Ce matin le lac est vert et scintille sous le soleil. Des hommes assis plus haut chantent en choeur, les femmes se lavent toutes habillées. Pour accéder au lac il faut descendre des marches en marbre blanc, les tissus sont étalés de tout leur long sur le marbre, les femmes avec des saris safran, rouge, jaune, prient ou discutent devant le lac, c'est magnifique. J aime cette ville.
Il y a très peu de motos, tout le monde circule à pied, les rues sont animées sans être poussiéreuses, sales ou bruyantes. C'est encore ce que j'ai vu de plus beau en Inde à ce jour. Les prises de vues sur les ghats sont interdites, je ne peux pas faire de photos, si ce n'est à la sauvette car je tiens à vous montrer ça, donc prise de vue avec l'appareil en bandoulière au niveau du nombril,
( photo nombriliste?) et cadrage approximatif. Je suis arrivé par chance le premier jour du marché aux chameaux et aux chevaux. Les prix des hôtels sont prohibitifs , la moindre chambre minuscule vaut 500 roupies, toilette et salle de bain communes à l' extérieur, une chambre normale côute plus de 1000 rps. J'ai trouvé à me loger sur la terrasse de l'hôtel à 200 rps, ça caille la nuit et je dors peu. Je pense y rester 2 jours. Demain je me lève tôt pour photographier les chameliers et leurs chameaux. Il y a des milliers de chameaux aux abords immédiats de la ville, et la superficie du camp couvrent plusieurs dizaines d'hectares. Les hommes à midi faisaient la cuisine sur des pierres à l'ombre de leur charette. Ce soir le soleil se couchait sur les collines baignant le camp dans une lumière dorée adoucie par la poussière en suspension. Des silhouettes de chameaux se découpaient contre le ciel. J'ai fait une série de photos jusqu'à ce que je m'aperçoive que je n'avais pas de film dans l'appareil. J'ai pu recommencer les images le lendemain, mais la magie avait disparu, je n ai pas retrouvé les mêmes sensations, tant pis pour moi, ca m'apprendra. Il y a de nombreux temples et certains sont autorisés aux étrangers, il y a beaucoup de touristes, ca se comprend, ici il y a tout ; des rues animées et sympas, pas de véhicules, pas de commerçants trop pénibles, des ghats, des chameaux, des temples, j'ai vu aussi des papis jouer sur un tapis à un jeu ressemblant fort à notre jeu de l'oie à ceci prés qu'ils lancent des coquillages avec un drôle de tour de main. La route pour venir était bonne et pour cause, j'ai fait les deux tiers sur une autoroute. Ce sont surtout les camions qui l'utilisent, ca ne roule pas vite, en moyenne 60 à l'heure, mais tout le monde l'emprunte, les chameaux et leur charette, les tracteurs, les camions en sens contraire (sur le bas coté quand même), les piétons traversent. On a toujours quelque chose à regarder : 3 camions et leur chargement couchés sur la route, un camion en équilibre sur une glissière en béton et qui penche dangereusement vers le ravin, un camion citerne carbonisé, un autre qui a piqué du nez dans le fossé, enfin 2 camions qui se sont fait la bise, au moins un des deux n'était pas dans le bon sens, c'est sûr. Hier sur la route j'ai croisé une famille de singes, le père en tête, avec le cul rouge et une abominable paire de couilles, la maman le cul rouge et... , non c'est tout, et son petit sur le dos, entre le père et la mère: le fils cadet. J'ai failli écraser un grand serpent argenté qui s'enfuyait ventre à terre... forcement. Une paire de buffles, (non pas de moufles , de buffles), des chameaux tirant des charrettes remplies de troncs d'arbres . Voila c'est l'Inde que je pensais trouver, il y a tout ici ; des chameaux, des ruelles sympas, des sadous partout, des ghats, pas trop de poussière ni trop de bruit, du soleil mais supportable, pas de pluie diluvienne, plein de temples. Demain je vais faire une marche dans la ville organisée par l'office du tourisme. ( heritage walk)


Fathepur Sikri

Je suis enfin à Fathepur Sikri à 37km d' Agra, j'ai quand même mis plus d' une heure et demie pour faire le trajet, debout, entassé comme une sardine, dans la chaleur, après une bonne demi-heure d'attente dans un bus qui ne partait jamais, suffoquant sous le soleil de midi, puis nous sommes descendus du bus finalement pour en prendre un autre. Voila c'était « voyage au bout de l'enfer », klaxon à tout bout de champ, en plus ça ne s'est pas arrangé pour moi, j'ai mal aux yeux, j'ai un peu de fièvre, je tousse à m'arracher les poumons. Je suis dans un hôtel à l'entrée de la ville, le patron est très gentil. C'est la fête ici, c'est une très ancienne citadelle avec des fortifications, de nombreux temples, il y a énormément de monde dans la rue et dans les bâtiments que j'ai rapidement visité ce soir. Une fortification se dresse à une vingtaine de mètres de haut sur une colline. On y monte par un escalier monumental en grès rouge. Tous les bâtiments sont construits dans une pierre rouge qui ressemble à la pierre de la Rhune. L escalier est très raide, il faut passer sous une immense porte, à l'intérieur un grand parvis ou des échoppes proposent de la nourriture, des tissus, des souvenirs, les gens mangent par terre, discutent en groupe, un haut parleur diffuse des messages sans arrêt. Ambiance moyennâgeuse, électrique et fébrile, les gens parlent fort, les ados sont très agités. Les cotés des bâtiments abritent des tombes en marbre blanc, je me suis déchaussé pour rentrer dans l'enceinte, mais je fais attention ou je mets les pieds, c est sale. L ambiance n'est pas cool, je ne me sens pas à l'aise, plein des jeunes m'accostent sans cesse avec des « euloooooo » un peu agressifs et peu amicaux, il y a des faux guides aussi, je suis le seul blanc parmi tout ces gens. Je ne passe pas inaperçu, je sors de l'enceinte et je me promène plus loin, d'autres bâtiment sont perdus dans la nature et en mauvais état, noirs de moisis, et défoncés, des papiers jonchent le sol partout, sur une placette des jeunes s'accrochent avec des flics placés derrière une barrière interdisant l'accès à un parc. Les ados narguent les flics, les provoquent, lancent des injures. Enervés, les flics brandissent leur matraque pour déloger les jeunes accrochés aux grilles, soudain ils ouvrent la grille et chargent les jeunes qui se dispersent comme une volée de moineaux. En bas de la citadelle il y a une longue rue commerçante large de 2 m au plus bordée d'échoppes et d'artisans, la foule est dense et j'ai du mal à avancer, je cherche un internet sans succès, je suis fatigué de marcher dans cette rue qui n'en finit pas. J'ai internet ici à l'hôtel mais ça marche mal, ça n'arrête pas de déconnecter, il n'a pas de prise mais juste 2 fils glissés dans les trous, il a un espèce de voltmètre antédéluvien, pour réguler le voltage je suppose, quel pays.

La forteresse de Chittorgah

Je suis a Chittogarh, au sud de Pushkar, situé à 110 km d Udaipur, j' ai trouvé ça sur le Routard, ça avait l'air chouette. La route etait excellente, une deux fois 2 voies. Tranquille, je roulais en permanence entre 80 et 90, la route était en bon état et même un peu ennuyeuse, pas de camion par terre, pas de chameaux, rien. Chang tourne super bien, je suis content. J ai du mettre environ 5 heures pour un bon paquet de km, le problème c était de sortir de Ajmer. Les indiens sont facétieux et m'indiquent parfois de fausses pistes, toujours demander 2 fois son chemin. Les panneaux sont en Indi, ce qui ne facilite pas les recherches. Je ne regrette pas mon investissement, route et temps. Ce n'est pas du tout touristique mais ça vaut le coup. Je pense partir demain matin pour Udaipur. Chittorgah c' est un fort sur une colline, la muraille est immense, sur le Routard ils avancent le chiffre de 5 km de long. Elle court tout le long de la colline. La cité est en bas, mais c' est la forteresse qui est intéressante. A l intérieur des murs il y a très peu de bâtiments, la colline fait 600m de large, ce sont des terrains vagues ,avec un village ou 2, le reste ce sont des champs entourés de murettes en pierre qui sont laissés à l' abandon, la végétation est celle du midi, de petits arbustes, des épineux, et parfois des arbres plus grands, ca me fait penser à l' île de Ré. Des petites routes goudronnées traversent la campagne et longent la muraille. Au hasard des chemins on tombe sur un palais, plus ou moins abandonné au milieu de la végétation, quelques temples biens conservés, des ruines ou encore des tours magnifiquement ouvragées aux sculptures extrêmement travaillées dans une pierre blonde et tendre. Des singes y ont élu domicile et des indiens viennent leur donner des bananes, c'est marrant on a toujours l'impression qu'ils ont un comportement humain ( les singes, pas les indiens). On trouve aussi des gaths oû des jeunes hommes viennent se savonner et sauter du haut d'un mur tandis que les femmes lavent leur linge. La-haut c'est presque désert, pour l'Inde s'entend. Depuis les murailles on peut voir toute la plaine et ses cultures, au loin les hauts plateaux, ça ressemble beaucoup à l'Espagne. Je ne suis pas mécontent de ma trouvaille.


Je dors dans un ancien palais de maradjah, qui a du avoir de beaux jours, j' aurais pu dormir dans une jolie petite chambre, avec une petite niche ou un lit et des coussins étaient installés donnant sur une sorte de bow-window avec des fenêtres persanes, mais c' était un peu cher, je me suis rabattu sur une chambre à 250 rps avec un mur moisi sans fenêtre sur l' extérieur, tant pis ca va bien quand même.

J attends beaucoup d Udaipur il parait que c' est vraiment beau.


Les pols d'Ahmedabad

Ce matin sur les conseils du directeur de l'Alliance Française je me suis rendu dans la vieille ville d'Ahmedabad occupée à 40 pour cent par des musulmans, quand la ville dans son ensemble est à 15 pour cent musulmane. J'ai suivi un groupe pour une visite ( commentée en anglais) ce qu'ils appellent ici un héritage walk. C'est un dédale de rues étroites, de passages, d arrière- cours, et de voies sans issues.
On y rencontre des temples hindous et jaïns, les façades des maisons sont en bois finement ouvragé ou en pierre de taille avec des balcons,
ce vieux quartier est divisé en plusieurs quartiers que l'on appelle des "pols" ou les communautés sont délimitées en fonction de leur religion et de leur métier. Certaines façades bien qu'en mauvais état sont très belles, j'ai fait quelques photos qui sans être artistiques seront documentaires. C'est très moyennâgeux, il y a peu de circulation. J'ai bien aimé les temples jaïns, plus discrets,( que les temples hindous) moins colorés, plus intimistes, plus sombres, tout en marbre blanc et en bois foncé, de forme arrondie, il y règne une ambiance plus propice à la prière et la méditation, moins bruyants aussi, certains prêtres ont un morceau de tissu qui couvre le nez et la bouche
pour éviter d' avaler un insecte (respect de toute vie), ils sont strictement végétariens, et prônent un vie détachée des plaisirs du monde afin de se libérer du cycle des réincarnations. J'ai pensé à des temples bouddhistes, même si je n'ai jamais eu l'occasion d'en voir un de prés. Le guide nous a aussi fait découvrir une très ancienne mosquée composée d un nombre considérable de piliers.


Le Corbusier

J ai visité un bâtiment construit par Le Corbusier ; ben c'est du Le Corbusier, en Inde ou ailleurs c'est sa patte ; un aspect monumental, des aires de circulations et des niches de repos, des points de vue sur les perspectives principales, des lignes anguleuses contrastant avec de larges lignes courbes, du béton comme seul apprêt, s' opposant à de larges surfaces jaunes ou rouges, l espace donnant vers l extérieur cloisonné par de grandes niches en béton découpant le paysage extérieur en multiples cadrages photographiques.


Le stepwell

Pour finir ma journée j'ai pris la direction du nord pour visiter un stepwell, à Adaladj, c'est un bassin d' eau creusé dans les profondeurs de la terre et un temple à la fois. Etape fraîcheur pour les caravaniers venant se reposer une nuit, constituer une réserve d eau, lieu de culte et de dévotion également : une sorte de caravansérail.
Ce bâtiment n'est pas très haut, puisqu'il descend dans les profondeurs de la terre sur plusieurs niveaux soutenus par d'innombrables colonnes On peut voir les piliers des étages au dessus et au dessous de nos têtes car il n y a pas de plancher ou de toit, l'effet est saisissant. Par des marches sur 4 niveaux différents de toute la largeur du bâtiment on accède au puits d' une circonférence d environ 20 mètres de diamètre. Une galerie octogonale avec balcons et piliers sculptés sur 4 étages entoure le puits, tout est finement sculpté, c'est une merveille absolue. Peut-être ce que j' ai vu de plus beau et de plus incroyable à présent. Le type qui a imaginé cet édifice est assurément un génie. J'ai fait quelques photos qui expliqueront bien mieux ce qui ne peut se dire avec des mots, c'est proprement incroyable, ça se trouve dans un coin paumé de la campagne à 20 bornes d'Ahmedabad. Demain je pense visiter Sarkey Rosa, c'est une mosquée située au sud mais toujours dans la ville, sur les conseils de l'alliance j'irai aussi à Vadorada ( baroda) et Champaner, puis Quatura, et Palitana et je descendrai sur la côte voir les villages de Diu, Veraval, Mandvi, Bujh.

Je suis très fatigué, ce matin je me suis réveillé avec une inflammation des paupières, j'avais du mal à tenir les yeux ouverts, malgré les antibios je tousse comme un tuberculeux, il fait chaud, la route c'est l'enfer quelque soit l'heure, aujourd'hui j'ai passé une heure en ville à chercher un hôtel après avoir passé 5 heures sur la route au milieu des camions qui polluent et d'une circulation absolument démentielle. Je suis de retour à Ahmedabad, finalement dans le même hôtel, j'ai dû attendre une heure sur la banquette qu'une place se libère, j'ai trouvé des chambres ailleurs mais à 3000 roupies, pfffff. La première chose que je fis fût de me laver, j'étais noir comme du charbon, c'est inouï la pollution en Inde, en ville il y a une nuage permanent d'au moins 10 m de haut qui flotte au dessus de nous et noie tous les contrastes. Un pantalon me fait un jour. Tu vois je suis content de faire ça maintenant, et même je pense que c'est la limite d'âge. Trop fatiguant. Demain repos, je reste une nuit supplémentaire ici, je vais aller prés d' un lac en ville me reposer, dessiner, dormir, faire des photos, écrire avant de repartir.


Pelerinage des Jains à Champaner.

Aprés moults péripéties j'ai fini par trouver les sites de Champaner. Dans la ville ce sont des mosquées très anciennes et sur la montagne un important centre de pèlerinage pour les jaïns, donc foule, on y monte par un téléphérique. J'ai assisté à des offrandes de pèlerins, très bizarre, on dirait un contrôle de bagages dans un aéroport. Ca passe à toute allure. Des pèlerins présentent les uns derrière les autres des offrandes à l'officiant habillé en civil. Ce sont des sachets en plastique dans lesquels on trouve du riz soufflé, des noix de coco et tout un fatras d'autres présents. Les pèlerins versent un peu de monnaie dans une urne tandis que l'officiant jette un coup d'oeil rapide dans le sac, en retire parfois quelquechose et le jette dans une grande poubelle à ses pieds, ceci fait il frappe le sac contre la grille d'entrée du petit temple situé derrière lui et rend le sac en donnant un tissu parfois. Il lui arrive aussi de jeter par dessus son épaule un billet de banque qui retombe dans le temple puis il ramasse une poudre rouge sur son comptoir et donne une tape sur le front à chacun, tout se passe en un éclair, pas plus de 5 secondes et au suivant! Il lui arrive de faire un geste de la main pour dégager les plus lents. La foule est nombreuse, le type travaille sans relâche à une cadence infernale. Rien de vraiment spirituel. Beaucoup de boutiques bordent le chemin montant au temple, c'est Lourdes. Des hommes et des femmes se font monter sur la colline, assis sur une balancelle accrochée à un gros bambou tenu devant et derrière par 2 porteurs. Pas du tout l' ambiance des temples jaïns dans le vieux Ahmedabad, ici c'est de la couleur partout, de la poudre rouge badigeonne l'extérieur du temple, des drapeaux rouges, des bandelettes de tissus rouges frangées comme des décorations de Noël portées par les pèlerins en guise de serre-tête, c'est très à la mode ici les guirlandes, il y en a partout, sur les divinités, dans les temples, les camions, dans les restos. C'est la foire du Trône et la foire aux antiquaires réunis.


Les racketteurs

Hier soir pour des raisons trop longues à expliquer je me suis retrouvé en pleine nuit sur une autoroute à péage 2x2voies entre Baroda et Champaner. Il faut savoir que ces « highway » sont gratuites pour les 2 roues ainsi que pour les fonctionnaires, ministres en tête. Nous les 2 roues devons impérativement emprunter un passage sans guichet situé sur le coté gauche de la chaussée. Parfois ce passage est symbolisé sur le sol par une ligne blanche, d autres fois un muret nous sépare des voies à péage. C était le cas ce soir là. J avais loupé l' entrée pour les motos située 150 mètres plus haut. Au péage je me retrouve devant un type qui veut me faire payer 10 roupies, je proteste en expliquant que les motos ne payent pas, rien à faire <je paye ou je ne passe pas>, je fais mine de faire demi- tour, le type me barre la route. Bon après tout..... 10 roupies me dis je...au diable les varices...Je cherche dans ma banane , rien, je fouille dans ma pochette sous mon tee-shirt, rien non plus, il fait sombre et je peine à trouver mes roupies au milieu de mes papiers. Mon racketteur semble impatient d' en finir et me fait signe d' être rapide et discret ( c est ça mon lapin en plus je vais te faciliter la tâche) Sur ces entre-faits un deuxième type armé d un bâton arrive , une rapide discussion s' engage entre les 2 comparses, le second , lui aussi racketteur de son état, veut également sa part du butin, c est l' inflation, on passe à 25 roupies, je fais un rapide calcul, ils sont nombreux à toper les voitures, je n' aurai pas assez pour nourrir tout le monde. Là, la moutarde me monte au nez et je leur propose d' aller se faire voir par Shiva qui, s' il a plusieurs bras, doit avoir aussi plusieurs membres, y a pas de raison. Furax j' amorce un demi-tour et mets les gaz. Les types gueulent comme des veaux sacrés, tentent de s' accrocher au porte-bagage, mais leur prise est peu sûr et le fait qu ils soient tous en claquettes me facilite la tâche car on peut facilement arrêter une moto de 12 chevaux au démarrage. Je me retrouve à contre-sens, avec des poids-lourds en face, je me plaque sur la gauche, contre la murette en béton, et je prie mon Dieu catholique, c' est de l importation mondialiste mais tant pis ( eh oui je suis opportuniste) de me laisser finir mon voyage peinard, et que c' est promis j irai brûler un petit cierge à la grotte , hein un gros? Bon d accord un gros. Au passage , il faut mettre toutes les chances de son coté en pareille situation, j' invoque Krishna et lui promets 2 paters et 3 haré au prochain temple que je rencontre. Bon Dieu, quelle mouche m'a piqué , pour 50 cts d euros, quel con !!! 1 camion, 2 camions, 3 ; ok jusque là tout va bien, ici les circulations en contre-sens sont courantes. Ouf !!!!ca y est j'ai retrouvé l'embranchement, je traverse, tiens!! un type voudrait que je le prenne sur mon engin, je le fais monter en espérant jouer sur l'effet de surprise, j'ai même l'idée un instant de le faire conduire à ma place mais il ne comprend pas ce que j attends de lui. Mon plan semble fonctionner, je bénéficie de la nuit, les types sont occupés avec un rickshaw, ils vont réaliser trop tard que je suis leur fugitif. Ils tentent de me barrer la route et de s' =accrocher ou ils peuvent, mais j'ai mis les gaz et je me dégage facilement, encouragé par mon passager qui me conseille de ne surtout pas m' arrêter. Hors de portée je les entends gueuler sur le bifteck qui leur échappe. Je reconnais , c est un peu « pied-nickelé » comme histoire, mais ce qui est sûr c'est que la petite corruption existe bel et bien ici, la grosse aussi d ailleurs, mais là nous faisons jeu égal je crois. Dans les BD il me semble qu on voit Tintin couché sur sa moto, des balles lui sifflant aux oreilles, c'est pour ca que j'ai pris un passager pour proteger mes arrières.


La daube

Yeeeeeh man !! c' est de la bonne ouahhhh elle est bonne , elle est bonne , elle est bonne. Tiens déjà un gros éléphant gris qui attend au milieu des motos que le feu passe au vert. Il est gris mais pas seulement, aussi bleu, vert, jaune, rouge, son propriétaire lui a peint de grandes fleurs géométriques sur l arrière-train, faut dire qu'il y a de la place. Et le type tout la haut avec ses belles bacchantes blanches et son turban orange , Salut cornac !!!! non c est pas une insulte et t' es gentil tu dis à ton bestiau de laisser mon tachymètre tranquille, y bave de la trompe, c est dégoûtant ( une rhino dans le nez sûrement, heureusement t'es un mâle , t'as des défenses naturelles) Yeeeehhh man moi aussi j'ai une défonce naturelle, putain c'est de la bonne , de la bonne de la bonne ; Tiens fais lui plutôt ramasser la pièce que la dame du rickshaw vient de lui balancer.

A propos de tachymètre je voudrais faire un petit rappel historique pour ceux que ça intéresse. Le tachymètre est un mot dérivé du mot pachymetre lui même dérivé du mot pachyderme. En effet lorsque HANNIBABALASONTOUTOUTH 1 et son fidèle compagnon BABARAGAUCHETOUTH, plus communément appelés HANNIBAL et BABAR traversèrent le Massif Central, Giscard, alors ministre des finances instaura une taxe, la TVA, Taxe sur les Vauriens Arabes. Ainsi tous les éléphants furent équipés d un Pachymetre, lequel est devenu par glissement sémantique et roulé-boulé d' éléphants ; le tachymètre qui équipe nos véhicules. Cette digression dans mon récit n était pas inutile sans compter que ça vous change des actualités françaises qui sont si je ne me trompe ; la banlieue et les grèves, bonne pioche?

Alors sur ma gauche koikiya? Un dro, un droma, ouiiii ..un dromadaire !!! Salut vieux, faudra que tu me donnes l'adresse de ton coiffeur, j'te jure il a super déliré sur ton poil, parole de rasta, avec toutes ces figures géométriques tu ressembles à un tapis persan ouai ouai un autre vaisseau du désert ..comme toi !!

Alors loin devant nous avons ; une caravane de chameaux qui passent d un long pas souple et lent, une multitude de petits ânes blancs chargés comme des mules trottinent derrière, les femmes en saris rouges marchent à leur coté. Et plus prés de nous, nous avons une belle vache fakir qui traverse sur les passages cloutés, enfin belle surtout devant parce que , tu vas rire la vache, mais sur l arrière t' as un sacré trou dans le flan, c est gros comme un demi-ballon de foot, faudrait voir à consulter très vite ton veto habituel, mais alors vite vite vite !!! Et derrière moi j ai une moto, non un bus, non un rickshaw, non je ne sais pas , j'ai jamais vu un truc pareil ; putain elle est bonne, elle est bonne, elle est bonne !!!!

Enfin, doit y avoir des effets secondaires nocifs parcequ'il y a un type qui avance droit sur moi sur une planche à roulette avec la jambe gauche retournée à l'arrière au niveau du fessier, un autre est assis au milieu de la rue les jambes entourées de bandelettes dans la position grand écart, une femme rampe avec des chambres à air découpées pour se protéger les pieds et les chevilles, une autre exhibe les moignons de sa jambe et de son bras. Bon demain j'arrête cette daube ...ohhhh ouiii de la dauuuube !!! la musique s'est arrêtée, les lumières se sont éteintes, aujourd'hui j ai attrapé la queue du Mickey, demain j' aurai droit à un tour gratuit, je descends du manège, complètement dégrisé, un chien derrière moi aboie mais c' est trop tard.

Récit Palmadesque, beuze mise a part, (je suis tombé dedans tout petit et comme chez l'autre les effets sont permanents) tous les faits sont réels, vus à des moments et des endroits différents.


Le banquier

Promis, juré, je ne viendrai pas vous emmerder à l' heure du repas, chaussé de sandalettes en cuir, le regard illuminé, des fleurs autour du cou, traînant derrière moi un parfum de patchouli et chargé comme une mule de substances illicites et néanmoins délicieuses pour vous jouer le couplet classique du retour difficile vers un occident tellement matérialiste, tandis que l'Inde <c est tellement spirituel>;.< ouaaaaiiiis alors tu vois mon pote on a médité 3 semaines dans un ashram c était hyyyyper mega cool, avec mon guru on a travaillé sur mon troisième oeil et sur l'ouverture de mes chakraaaaas , c'était top méga super, et toi tu fais quoi à part bosser comme un con pour payer ta retraite de merde ?

La vérité c est qu'ici plus qu'ailleurs des millions d indiens courent après la moindre roupie, des enfants de 5 ans travaillent ou mendient et des vieillards handicapés n' ont que la générosité des passants pour survivre Sur la pyramide de Maslow on est très très bas, gîte et couvert en priorité. A ce petit jeu de la mendicité, prêtres et autres sadhus ne sont pas en reste, ce sont même des spécialistes. Ils ont toujours à votre égard le large sourire énigmatique de bouddha et de la Joconde réunis avant de vous demander immanquablement un bakchich. Un jour sur un marché j ai tapoté le petit ventre bien rebondi d un prêtre en lui expliquant que la faim qui le tenaillait ( il me faisait signe qu il avait besoin de manger) me paraissait peu crédible. Donc pour moi aucune rencontre spirituelle décisive et bouleversante, pas de séjour en ashram, pas de guru, même pas le moindre petit moine bouddhiste lévitant à stabilisateur latéral pour me conduire sur les voies mystiques et asphaltées ( l asphalte et l oméga, vous connaissez ?) du cheminement personnel. Mais j ai mieux !!!!! j ai rencontré un banquier !!! en préambule à mon histoire je voudrais apporter une précision

Les confidences de certaines de mes admiratrices inconditionnelles m' apprennent que vous attendez haletantes et mouillées les nouvelles péripéties de teintein au pays des tigres mangeurs d hommes. J' en suis flatté et vous en remercie. J ai pareillement beaucoup de plaisir à vous retrouver et les sujets de reportages ne manquent pas. Toutefois il en est un qui me pose un véritable cas de conscience. En effet l histoire que je voudrais vous conter vous paraîtra tellement invraisemblable que je crains de perdre toute crédibilité. J entends d ici, et je suis loin, la rumeur vrombissante de votre courroux légitime ; < ouais, teintein bidonne ses reportages, l inde lui monte a la tête, teintein se prend pour tintin, et d abord on n' est pas là pour vérifier>

Bon et bien puisque c' est comme ça vous ne saurez rien, femmes de peu de foi.. non, n insistez pas, non vous dis je , non , non et non,

Bon d accord si vous y tenez..

Donc à Baroda je rentre dans une banque, la ICICI BANK, pour changer des travellers chèques. Je suis à l'entrée, un employé s'approche, me fait asseoir à son bureau, je formule ma demande, le banquier s'informe par téléphone de la possibilité ou non d'effectuer l'opération. Là dessus le sous-directeur vient me saluer, me serre chaleureusement la main, s'excuse de ne pouvoir effectuer l' opération, s'assoit à mes cotés, me donne le nom d une autre banque, me renseigne sur les sites de la ville et des environs, s'inquiète de savoir si j' ai un hôtel pour la nuit, me donne des adresses, s'intéresse à mon parcours en Inde, m'offre un café et un verre d' eau ! Je me lève pour serrer la main du directeur qui vient me saluer en personne.

Aaaaah vous voyez que c'est difficile à croire !!?? et vous vous demandez si c'est du lard ou de cochon d'Inde. Je jure par Shiva «  levez vos trois mains et dites je le jure » que je n'ai rien pris cette fois ci. J'ai bien fait de venir en Inde, il fallait que je ressente une fois dans ma vie ce sentiment d'amitié fraternelle, presque d' amour, pour un banquier. Par tous les saints, c'est plus fort que Benares, Taj Mahal et Adaladj réunis. Désormais je sais que tout est possible dans ce monde, même l'impensable, même le meilleur.


La dispute

Plusieurs nuits d insomnies m'ont inspiré ce dialogue.

Extrait d un échange musclé et matinal entre mon hémisphère gauche et mon hémisphère droit.

Eh oooooh !!!!! l agité du bocal !!!!, kesta foutu cette nuit ???, t' as déménagé les meubles, le lobe frontal et les neurones avec ou quoi? t' as fait un de ces bordels, impossible de fermer l oeil. Tu m' avais promis après tes derniers textes de te reposer cette nuit, au lieu de ça tu .....nom de Dieu !!!! mais c est quoi ce foutoir, non mais dis t as vu l état de mon armoire? Tout est sans dessus- dessous, alors je les habille comment mes idées maintenant? Qui va me remettre les idées en place? . Mais ma parole t es un grand malade toi !!! ou plutôt c est moi le malade , a toi tous les mots et moi tous les maux !!! les chemises sont cul par dessus tête, les vestes en vrac sur le lit, les godasses dispersées dans la chambre. Bon tu vas commencer par me ranger les cravates, celle a pois de chanteur de charme; elle est ou? Et celle a bécots pleine de rouge a lèvres tu la ranges vite fait a sa place. Merde alors !!! Mon noeud qui papillonne sur des idées légères tout taché sur la cravate de notaire , c' est malin !!!. T' as retrouvé le jabot pour les certitudes qui s' enflent d' elles mêmes? Je l' avais rangé à coté des vestes qu' on retourne en soi double, tout prés de celles avec lesquelles on peut habiller quelqu' un pour l' hiver juste sous les chemises qu' on change aussi souvent que d' idées. Les vestes des mots qui froissent sont en vrac sur le lit, j' avais pourtant pris soin de passer la brosse à reluire mais ça laisse des traces. Ca ne va pas arranger les choses . Le linge sale tu le replies nous le laverons « aux mots ». Tiens tant que tu y es tu me retrouveras l' autre chaussure de vair, j' en ai besoin pour mes contes à dormir debout !!! Ah et aussi toutes mes ballerines roses brodées de mots d' amour , de cupidons imbéciles, de je t' aime en filigrane, de « toujours » cousus de fils blancs. QUOI !!!!! t' en as jeté la moitié ????? mais ça va pas, de quoi j'me mêle? D accord elles étaient usées jusqu a la corde et alors? ca sert toujours non ? ah bon tu crois que je devrais jeter l' autre moitié et n' en garder qu une? une solide qui me fasse de l' usage? Je fais quoi? Je balance alors? pfffff . je balance...

Alors pour les godasses c'est pareil t'es gentil tu me les ranges par paires ok ???les charentaises à gauche pour les idées généreuses et confortables intellectuellement, les Rangers à droite pour les coups de pied au cul qui se perdent, tu me mets devant les souliers de satin pour que je n'oublie pas d' écrire à ma soeur, je suis pas très à l'aise avec, Dieu me donne des ampoules, mais ca lui fait plaisir. Les tatanes pour les mots argotiques bon c'est ok, alors les pleine peau c'est pour mon usage privé, tu me les astiques bien. T'as retrouvé mes chaussons de danse? Indispensable pour mes pirouettes. Les NIKE qui puent les gros mots, tu peux les balancer, non attends garde une paire quand même. C est sentimental. Pour les soirs de blues quand les mots sont impuissants, mes pompes funèbres, semelle de plomb et lacets défaits. Mes bottes de 7 lieues ??? ou sont mes bottes?? Quel con je les ai aux pieds, au temps pour moi. Et pour finir avec l' armoire à chaussures, mes gros sabots quand je rentre saoûl à la maison ainsi que mes godillots pour traîner dans la boue mes ennemis. Reste les accessoires dispersés un peu partout, tu rassembles le tout dans une boite à idées que je puisse retrouver facilement, tu déposes tout en vrac, il y avait des gants que je mets ou non, un faux carré HERMES pour les plagiats, le KIWI pour le cirage de pompe, enfin et je te laisse tranquille ; mes perles, jeux de mots , bon mots, mots bleus ,des mots qu'on dit avec les yeux, vers, alexandrins , coquilles, demi-mots, lettres mortes et tous les contes bancals: échecs sans prévisions, et billets à désordre. Dans la commode, c'est plus pratique, tu trouveras une petite boite ouvragée, tu y mettras les mots : sybarite, simonie, oxymore, palindrome, libellule, Monica Levinski , des mots si difficiles à placer dans un texte mais tellement décoratifs.( Petit jeu ; retrouvez le mot intrus condamné par la morale catholique ….perdu , ce n'est pas Monica il s agissait de simonie qui est le trafic d'objets du culte par des membres du clergé)

Je te préviens cette nuit je veux dormir, à bon entendeur salut !!!!



Les cargos de Mandvi

Je suis à Mandvi, le fameux port oû l'on construit les bateaux, je bénis le ciel d'avoir rencontré Mr Couturier à l' Alliance, c'est vraiment chouette à voir, les bateaux sont entièrement construits en bois, immenses , l'architecture est magnifique, d'une esthétique irréprochable, on dirait une ossature de baleine à l'envers. Les bateaux font 40 à 50 m de long, sur 6 à 8 m de haut, on peut s' approcher et regarder les hommes travailler, il n'y a aucun problème, j'ai l'impression que les gens sont gentils. J'ai pu faire des photos au coucher du soleil, ils sont installés sur les 2 rives d'un fleuve au trois quart asséché, quelques bateaux semblent échoués au milieu de la rivière, au loin on peut voir la mer et des bateaux en silhouette. Des charpentiers contraignent de grandes planches de bois à vriller en les serrant dans des étaux, ils enduisent leur face extérieur de vase et allument tout le long un feu avec des copeaux de bois, le bois sèche prend la forme voulue tout en étant protégé par la vase. Je repars demain voir d autres chantiers. J ai entr'aperçu la ville, j'ai repéré quelques belles maisons qui me font penser à celles du vieux quartier d'Ahmedabad, balcons ouvragés, colonnes sculptées, des couleurs etc..Tout prés il y a 2 grandes plages de sable fin, je m'y suis baigné, l'eau était délicieuse. Cette plage s'étend à perte de vue, elle ressemble beaucoup à nos plages des Landes. Pas de touristes ici, mais des indiens, pas trop, viennent regarder la mer, il est vrai que la plage est tellement immense qu il n'y a aucune raison de se coller les uns aux autres.


Le temple des rats

Que pensez vous du rat? Pour moi le rat , dans l' échelle de mes répugnances et autres peurs ancestrales se situe à égale distance de l'araignée et du serpent. Une mention particulière pour l'araignée tout de même. Avec tout le respect que je dois à Dame Nature et aux écologistes devant lesquels je me prosterne, et conscient que le rat reste un élément important de la chaîne alimentaire des chinois, ce serait plutôt le genre de rongeur indésirable que je pourchasse impitoyablement à coup de balai, de tapette et de graines empoisonnées. Une ratonnade quoi ! Un rat c' est un rat. Ca vit dans les égouts, ça fait des coups en douce, c'est gris,sale et moche, ça véhicule le sida, le cancer de la rate, la peste bubonique et le beriberi. Cela peut même servir d' instrument de torture, j ai lu ça dans un livre, Ismael Kadaré peut être. Et maintenant que penseriez vous, non pas d un rat isolé, célibataire endurci, cacochyme, revenu de tout, très éloigné des plaisirs futiles de ses contemporains qui coulerait des jours paisibles à l' ombre d un monastère tandis que touristes et pèlerins du monde entier viendraient saluer cette distrayante curiosité d' un autre âge, non point celà mais d' une multitude de rats hébergés, nourris, blanchis, ( j'ai vu un rat blanc mais je vais vous en reparler), soignés, protégés et vénérés par les hindous?

Aprés les aventures de Teintein au pays des tigres mangeurs d hommes, des vaches bouffeuses de carton voici un nouvel épisode de Teintein au pays des rats sacrés grignoteurs d'orteils. C'est de plus en plus palpitant. Donc dans la série " j'ai testé pour vous " public adoré voici la visite du temple Karni Mata à Deshnoke à 30km de Bikaner appelé aussi le temple des rats. C'est un lieu de pèlerinage pour les hindous et les rats y sont comme un groupe de touristes français dans un palais de maharadjah transformé en hôtel de luxe. Ici on les nourrit de graines, de lait et moyennant un supplément ils peuvent regarder les Aristochats sur Canal Jimmy. Selon le « guide du routard » ils seraient la réincarnation d'une caste de musiciens locaux, les Charans, réssuscités par une sainte ermite Karni Mata. Celle-ci, pieuse voyante du 15 ieme siècle, avait promis à ces troubadours du désert qu'ils ne connaîtraient plus l'angoisse du royaume des morts mais se réincarneraient directement en rat sacré après la déchéance de leur corps humain. Perso, j aurais choisi un autre animal, cela ressemble au mieux à une mauvaise farce au pire à une vengeance, mais bon. Par ailleurs je viens de lire que je dois me réjouir car j'ai aperçu le seul rat blanc du temple ( un colon sûrement) porteur de quelques bénédictions spirituelles ou matérielles, ( ca fait 2 fois). Selon un hindou du temple je suis lucky. Toutefois j'aurais préféré , pour mon prestige personnel auprès de vous, chères admiratrices, tomber nez à trompe devant un éléphant ( à disons 10 m, non plutôt 50m) , lors de mon expédition dans la jungle, mais nous devrons nous contenter d'une souris blanche. L'entrée du temple est classique, porte en marbre blanc magnifiquement sculptée d'animaux et de somptueux décors floraux. Comme dans tous les temples en Inde on se déchausse dans le porche d entrée avant de rentrer dans la cour du temple. J ai gardé mes chaussettes de Mickey. Un couple de jeunes mariés viennent en pèlerinage pour fêter leur premier mois de mariage. Un prêtre dans le sanctuaire officie, les fidèles se pressent autour d une cagette remplie de rats grignotant des graines. Aprés bénédiction par le prêtre, une ratification en quelque sorte, les jeunes mariés vont pieds nus faire le tour extérieur du sanctuaire, l'homme devant tandis que ll'épousée le suit en ayant déposé un bout de son écharpe de soie sur son épaule droite. Les rats, qui ont la taille d'une souris domestique ou légèrement plus, grouillent par dizaines sous les piliers des temples le long des plinthes, sur les grilles. Ils s'agrippent en rangs serrés sur le bord d une grande bassine de lait, la queue à l'extérieur faisant balancier, le corps plongeant à l'intérieur de la cuvette en métal. Spectacle surprenant. Ces rats, s'ils sont nombreux, ne sont pas agressifs, tout juste se contentent ils de venir parfois grignoter mes orteils pour savoir quel goût peut avoir un mangeur de grenouilles. C'est joueur un rat. Un homme dort dans le temple la tête et l'ensemble du corps enroulé dans une couverture, seuls ses pieds nus dépassent. Des rats passent sur sa tête, se glissent entre lui et le mur, mais l' homme dort et ne bouge pas. Je fais quelques photos dans le temple en faisant bien attention à ne pas marcher sur l'un d'entre eux, mais malgré ces précautions je sens que je suis parfois sur le point d'en écraser un ou deux. Un indien me fait comprendre par l'exemple que l'idéal serait de traîner les pieds contre le dallage. Quelques hindous ne semblent pas très rassurés non plus, même en Inde le rat n'est pas encore le meilleur ami de l'homme. Vous voyez, ce n' est rien de terrible, mais j'étais soulagé de quitter cet endroit, pris d'un sentiment proche de la claustrophobie.


Le cinéma en Inde

J'ai oublié de te raconter une expérience étonnante vécue à Chennai. Je suis allé au cinéma, c'était très amusant, d'abord la salle était immense, de la dimension d'une grande salle omnisport chez nous, plutôt défraîchie et équipée de dizaines de ventilateurs, les sièges ressemblaient à ceux que nous avions dans nos cinémas dans les années 60, en bois et skai. Le spectacle se trouve autant sur la toile que dans la salle, les hommes crient, applaudissent à tout rompre quand un acteur ou une actrice rentre en scène, ou quand une repartie fait mouche. Je n'ai pas compris toutes les finesses du film mais c'était l' histoire d'une jeune fille courtisée par 2 hommes, plus des histoires avec le père qui préfère un troisième, le film est entrecoupé de ballets, de chants, repris parfois par le public, c'est à voir. Les bruitages du film sont énormes, certaines scènes sont normales mais d'autres surjouées comme dans les débuts du cinéma muet et les zooms de caméra très appuyés, souvent l'acteur principal est accompagné d'une cour d'amis ou de courtisans qui lui donnent des conseils, plus ou moins avisés semble-t'il pour séduire la belle. Ce qui semble également très important c'est l' instant de la première rencontre, là le réalisateur déploie tout l'éventail de ses compétences artistiques et techniques afin que le spectateur n'ignore rien du coup de foudre simultané et réciproque de Roméo et Juliette. L'artillerie lourde des effets spéciaux visuels et sonores est alors déployée. Le fantasme est d'autant plus grand qu'en Inde les mariages sont arrangés par les familles. L'homme, moustache viril, Ray-Ban noires et gourmette, les yeux lui sortant de la tête est sur le point de tomber dans les pommes, la jeune fille se contente de lui faire des yeux de biche, plus tard elle ira s'allonger au bord d'un bassin de fleurs de lotus et rêver à son amour impossible. Au milieu de tout ça des bagarres de kung fu, des chants, des ballets très colorés au milieu de somptueux palais des mille et une nuits ou de décors naturels ; montagnes suisses, rizières verdoyantes, forets enchantées, c'est bidonnant.


Benares et les crémations

Je suis reparti aux crémations, observer et essayer de comprendre les réactions des Indiens face à leurs défunts en train de calciner, (mais aussi me confronter à mes propres limites et tabous) noircir, se craqueler, les membres se détacher, les visages devenir comme des momies. De temps en temps un pied non calciné dépasse du bûcher alors on le replace avec un bout de bois à l intérieur du brasier, certains enfants accompagnés de leur mère y assistent. Des hommes jouent aux cartes à 10 mètres derrière. Tout prés des foyers incandescents des hommes déchargent les bûches des bateaux accostés au bord du Gange, d autres fendent le bois avec des coins en métal et des maillets, il y a une grande activité autour de ces bûchers ; 150 a 200 crémations par jour. Plusieurs feux sont en fonction en même temps. Transporté sur un brancard en bambou, le mort est descendu au bord du Gange, enveloppé dans un sari doré garni de colliers de fleurs orange, chaque membre de la famille recueille de l' eau entre les mains et la verse dans la bouche du mort, (5 fois) puis le corps est immergé en parti dans l eau avant d' être déposé sur le bûcher, environ une stère de bois, ils jettent de la poudre de santal dans le feu, de l' huile parfumée sur le corps. Il n y a pas de pleurs, pas de douleur visible, simplement les hommes sont attentifs aux détails pratiques, à ce que le rituel soit observé, que le feu soit bien entretenu, ils attendent que le corps soit entièrement brûlé. La mort est une libération. Leur rapport à la mort pour ce que je peux en juger est visiblement différent. Mais quelqu un de versé dans la religion Hindou saurait sûrement mieux vous informer. Pour avoir assisté à un enterrement en Italie, je n ai pas vu à Benares cette dramatisation de la mort avec costumes noirs et chapeaux pour les hommes, voiles noirs pour les femmes, gueule de circonstance, procession lugubre, marche ténébreuse, pleureuses qui en rajoutent dans le pathétique et la souffrance. Ici les hommes sont dans leur habit de tous les jours, assis sur les barrières, accroupis, discutent autour du feu ou regardent ailleurs. Pas de musique, juste le crépitement des flammes et le bruit du bois que l' on fend. Tout cela semble extrêmement naturel.


Le petit mendiant

J' ai vu 2 mamies sur le trottoir qui jouaient aux osselets avec des cailloux, je me suis arrêté et sans descendre de mon vélo je les ai croquées sur mon petit calepin, elles étaient gentilles et très bien habillées, elles se démerdaient drôlement bien. Jai vu un petit garçon dans la rue assis sur une borne électrique en ciment. J ai pris le temps de l' observer car j étais dans un bar et lui mendiait à l' extérieur. Il avait comme principale clientèle les clients du bar restaurant. Sa jambe gauche était dans le plâtre, entourée d'un bandage assez sale, sa chemise avait dû être blanche. A ses pieds il y avait aussi une grand-mère qui mendiait, la sienne sans doute. Il devait avoir 7 ans, pas plus, et ce gamin était beau, parfois il semblait s' ennuyer et son regard était absent ou triste. Un policier buvait à l' entrée du café, je ne sais pas ce qu' il lui a dit mais tout à coup son regard s( est éclairé, il s( est mis a rire, il était encore plus beau, j ai pensé à Agathe, le même sourire pétillant d' intelligence et de douceur. Je suis resté environ 1 heure dans ce bar, j étais content pour lui car presque tous les clients lui donnait un sou en sortant, sou qu il mettait dans la poche avant de sa chemise. Les enfants scolarisés on tous des uniformes , bleu en général ou gris, les garçons portent des cravates rouges ou bleues,des chemises blanches et des pantalons longs, les filles des chemisiers blancs, des jupes plissées bleues et une écharpe pliée au carré qui passe devant leur col et repart derrière le dos. J ai vu un papa amener son garçon et sa fille, en costume comme il se doit, sur une petite moto, l' un devant l' autre derrière. Parfois ils sont 5 sur une moto.


L'avaleur de sabre et le puceau

Tel Assurancetourix j' aurais pu dégainer ma lyre et, enflammé par une soudaine inspiration poétique, vous bercer de mes douces mélopées oû l' essence de mon âme se serait mêlée aux effluves suaves de l' encens et du santal, alors nos coeurs soudain plus légers nous nous serions élancés enlacés vers les mystères troublants de l' Orient des mille et une nuits, survolant de concert le Taj Mahal sur le tapis volant de la félicité. Mais les idées n'en font qu'a leur tête et se moquent bien des chronologies, des hiérarchies, de la bienséance et même du bon goût. En plus je viens de vivre une semaine de merde et ça continue. Alors c' est pas le moment de me chatouiller avec de la sansonnet à 2 roupies. Débarrassé de la pesante description des beautés de la nature et du Taj Mahal qui se trouve en face de moi, je songe à ce jeune homme sur le marché avalant un sabre recourbé jusqu' à la garde, il n' a jamais pu le ressortir, il est mort à mes pieds, j ai récupéré mes 10 roupies et suis allé voir si les charmeurs de serpents étaient plus chanceux. Je médite alors sur la sagesse populaire qui veut que ; l' avaleur n' atteint pas le nombre des années.

Donc sur la terrasse de ce restaurant, je discute dans mon anglais inimitable avec un jeune homme de 20 ans serveur et cuisinier de son état. C est lui qui me branche sur l' épineuse question des filles en Inde, apparemment les relations avant mariage sont difficiles, et si les jeunes sont pubères à 15 ans et se marient à 25 ans en moyenne que font- ils entre temps ( je n ai pas vu de corde à sauter dans les échoppes) ou plutôt comment font ils? C' est long tout de même 10 ans.

Il doit bien y avoir des endroits en Inde comme ailleurs ou des dames à petite vertue et grosse poitrine ( comment dit on en anglais).Mais à vingt ans ces soupapes de sécurité ne sont qu un pis- aller, un succédané, un palliatif, un coupe la faim, un ersatz, un topinambour à la place d une belle et juteuse patate ( l' image est osée et fait cul lent, je reconnais) Alors en attendant son mariage arrangé notre jeune garçon se cherche une copine sur Internet ( nationalité indifférente) et vivre son rêve dans un pays étranger, Pakistan, Thaïlande, Malaisie ou Dieusaizou. Mais que fait Sarko? Pas facile la vie d un jeune puceau en Inde. En France non plus d' ailleurs, à l' époque j avais 16 ans et demi, c' était le 14 juillet, et ma copine Véronique , elle s' appelait Véronique (ça y est papi part en live).

Si ce comportement n' est pas une généralité, je doute qu' il soit un cas isolé. J' ai trouvé le même problème au Maroc.

Il me demande mon avis, je branle du chef pour essayer de faire passer un message onaniste autant que subliséminal ... peine perdue. Il est vrai qu' ici le langage des signes aussi est différent, la preuve ils font non de la tête pour dire oui.

Je ne peux rien pour lui, et d ailleurs j' ai assez a faire avec mon propre célibat.

A part ça il travaille la nuit de 6 h du soir a minuit puis dort à l' hôtel jusqu a 6 h, reprend le travail jusqu a 10h du mat, amplitude horaire de 16 h et 10 h de travail par jour 6 jours sur 7

Pour finir il faudrait faire un livre , non une encyclopédie ( non pas en 12 volumes, et d ailleurs pourquoi toujours 12 volumes et pas 5 ou 9) sur tous les moyens de transports et sur la manière de les utiliser, de les entretenir ou pas, mais là en photo.